Emploi : les failles de la politique nationale

Mercredi, Août 19, 2020 - 16:16

En octobre prochain, l’Office national de l’emploi (Onem), une pièce maîtresse dans la politique nationale de l’emploi en RDC, totalisera  ses dix-huit années d’existence. Pourtant, la majorité des demandeurs recourt systématiquement aux canaux informels et privés pour trouver leur premier travail.

C’est un anniversaire qui risque bien de ne pas passer inaperçu. En effet, l’Onem totalise dix-huit années d’existence, l’âge de la majorité, mais son influence sur le terrain reste toujours assez précaire. Plusieurs études montrent que nombre de demandeurs d’emploi recourent directement aux canaux informels ou aux privés pour dégoter le premier emploi. Créé en octobre 2002, ce service public fonctionne sous la forme d’un établissement public à caractère technique et social, jouissant de la personnalité juridique et d’une autonomie financière et administrative. Sa mission est d’aider les demandeurs d’emploi dans toutes les étapes de la recherche d’un emploi convenable. Cela sous-entend bien entendu un emploi qui répond au profil du demandeur. Aussi ses services rendus tournent-ils autour de l’accueil, l’enregistrement, l’orientation professionnelle, la publication des offres d’emploi et enfin du placement. En outre, l’Onem aide aussi les entreprises et d’autres organisations dans toutes les étapes de recherche de travailleurs qui répondent à leurs besoins.   

Toutefois, sur le terrain, les choses ne se passent pas toujours de la meilleure des façons. Le pays a connu une augmentation notable des privés, principalement les maisons de placement. A leur avantage, certains analystes évoquent la meilleure connaissance du marché de travail, avec moins d’administration et un marketing plus agressif envers les entreprises. Il y a aussi la crédibilité qui ne manque pas d’influer, même si certaines sociétés de placement traînent une mauvaise réputation. Si tous poursuivent d’emblée un objectif commun, à savoir la recherche d’un emploi pour un maximum de personnes, les maisons de placement collaborent obligatoirement avec l’Onem pour la demande d’agrément, le visa des contrats de travail, le paiement des cotisations Onem, etc. Mais la réalité est bien différente car beaucoup de maisons de placement rechignent de travailler avec le service public.

Pour certains acteurs avertis, il est temps que le gouvernement de la République mette en œuvre une véritable politique nationale de l’emploi en RDC. Le dialogue sera ainsi une étape primordiale car, selon eux, il faut mettre autour d’une table tous les partenaires du secteur afin de rétablir le bon fonctionnement du système après un diagnostic sans complaisance de ses forces et faiblesses. En raison du caractère dynamique du marché, il est inadmissible de continuer à travailler avec les anciennes règles désuètes, ont-ils renchéri.

Pour rappel, les secteurs les plus pourvoyeurs d’emploi sont la construction, les mines, les industries (pétrolière, brassicole et tabacicole), les télécoms et l’agriculture (dans une moindre mesure au regard du faible niveau d’investissement). D’autres secteurs ne peuvent être négligés non plus, notamment les banques. Par rapport au marché, il y a malheureusement une nette inadéquation flagrante  entre les compétences réelles et le niveau d’étude revendiqué. D’où le déficit de main d’œuvre qualifiée dans certains secteurs stratégiques.   

Laurent Essolomwa
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