Crise malienne : la CEDEAO exige une transition d’un an

Samedi, Août 29, 2020 - 14:01

A l’issue d’un sommet extraordinaire virtuel tenu le 28 août, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont donné leur calendrier et fixé les conditions de retour à un ordre constitutionnel.

 

 

Après la mission de médiation auprès de la junte militaire conduite par l'ancien président ghanéen, Goodluck Jonathan, la CEDEAO a exigé la désignation d’un président et d’un Premier ministre civils, non candidats à l’élection présidentielle, afin de conduire une transition politique de douze mois au Mali.

La communauté ouest-africaine qui prit acte de la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, la CEDEAO a demandé aux responsables du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) d’engager une transition civile immédiatement en consultation avec la Cour constitutionnelle, les partis politiques et les organisations de société civile et tous les autres acteurs engagés.

« Aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition », précise l’institution sous-régionale estimant que la « mise en place rapide d’un gouvernement » permettra au Mali de faire face « aux différents défis, en particulier, la préparation des élections législatives et présidentielle dans un délai de douze mois ».

La mise en œuvre des décisions permettra, selon les chefs d’Etat, la levée progressive d’une partie des sanctions adoptées le 20 août dernier. Il s’agit notamment de la fermeture des frontières terrestre et aérienne et l’arrêt des transactions financières, des flux économiques et commerciaux avec les autres pays membres de la CEDEAO, mais aussi les sanctions contre les militaires et les collaborateurs.

De son côté, la junte militaire qui tablait sur une transition de trois ans, n’a pour le moment pas commenté la décision des chefs d’Etat de la CEDEAO. Le CNSP a plutôt appelé l’ensemble des groupements des partis politiques du pays, les organisations de la société civile, ainsi que les mouvements signataires de l’accord de paix d’Alger à une grande concertation ce 29 août sur « l’organisation de la transition » au Mali.

La junte appelée à tenir sa promesse

L'imam Mahmoud Dicko, figure centrale de la crise politique au Mali, a mis en garde les militaires qui viennent de prendre le pouvoir, les pressant de tenir la promesse du changement et refusant de leur donner « carte blanche ». « J’ai demandé à tout le monde de se réunir autour du Mali. Je le demande toujours mais cela ne veut pas dire que les militaires ont reçu un chèque en blanc », a-t-il déclaré devant des centaines de personnes.

Reprochant aux "nouveaux maîtres" de Bamako de s'enfermer dans leur quartier général et de se couper des forces vives; Mahmoud Dick a précisé: « On ne délivrera de chèque en blanc à personne pour la gestion de ce pays, ça, c'est fini »,

Acteur primordial de la crise politique qui secoue depuis plusieurs mois le Mali, l'imam de Bamako, par ailleurs en proie aux attaques djihadistes et aux violences intercommunautaires, était au centre du mouvement de contestation civile qu'il a mobilisé des mois durant pour exiger le départ du pouvoir du président Keïta, avant qu'un groupe d'officiers ne dépose le chef de l’Etat le 18 août.

 

Yvette Reine Nzaba
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