Le peintre congolais pense avoir peut-être avoir été sujet à une prémonition en peignant les neuf tableaux qu’il a répertoriés et dont l’un est exposé depuis quelques années au sein de la télévision kinoise B-One sans que nul n’y fasse cas.
Au départ, « en voyant la forme de ce virus qui ressemble étrangement à mes dessins, je me dis c’est une coïncidence », affirme Claudy Khan. Quand il en vient à dénombrer près d’une dizaine de toiles avec cette même figure, il est juste interloqué. N’a-t-il pas été sujet à une sorte de prémonition ? « Aurai-je reçu un message ? Je m’interroge sérieusement », nous confie-t-il, surpris lui-même de sa découverte. Chose d’autant plus mystérieuse que, ajoute-t-il : « la plupart des toiles ont plus de dix ans ».
À la mi-avril, en plein confinement, Claudy Khan fait une observation qui le laisse pantois. En examinant de près certaines de ses toiles, soit dit en passant toutes aussi superbes les unes que les autres, il y voit une forme familière qui revient sur au moins neuf d’entre elles. Il raconte au Courrier de Kinshasa que là, à cause de la foule d’informations quotidiennes reçues sur la Covid-19, un voile est comme tombé ! « Il a toujours existé en somme ! », se dit-il. Et pourtant, « ce sont des dessins dont je ne dessinais pas nettement les contours. J’utilisais un effet de coulure hasardeuse de ma peinture », nous explique-t-il. Mais le résultat obtenu est similaire à la représentation du coronavirus, ce nom tiré du latin signifie « virus à couronne ». Il fait référence à l’apparence qu’ont les virions vus sous un microscope électronique. Ils sont comme ornés d’une frange de grandes projections bulbeuses évoquant une couronne solaire.
« Le premier tableau je l’ai peint il y a douze ou treize ans ! », nous signale Claudy Khan. Et de tous, c’est celui qui, à ses yeux, s’inscrit vraiment dans le contexte macabre de la Covid-19. Après observation de cette œuvre dont il a pris soin d’envoyer une photographie au Courrier de Kinshasa, Claudy Khan nous en livre un commentaire personnel. « On dirait qu’il y a un personnage à droite dans ce premier tableau. Mais je me souviens que c’était une coulure de peinture. Je l’avais laissée telle quelle... et là, quand je regarde, j’ai l’impression de voir l’ange de la mort... ! », nous confie-t-il.
Un univers sombre
« Le second ressemble bien aux images de la Covid-19 en ce moment. Il est encore exposé à B-One TV », nous informe le peintre. En effet, au regard de cette peinture, la forme du coronavirus peint en blanc se démarque bien de l’ensemble de l’univers représenté dans lequel il semble comme superposé. Et, les lueurs jaunes et orangées qui apparaissent à droite et à gauche ne cassent pas l’ambiance brumeuse qui se dégage d’une sorte d’écume où se distingue des espèces de nuage entre vert de cobalt et vert épinard. Néanmoins, deux toiles placées d’ailleurs côte à côte lors d’une exposition publique semblent faire exception. Cela devrait tenir des fonds gris brun et gris.
Au final, même les portraits, il y en a trois dans le lot des neuf toiles, quoique sublimes baignent dans un univers sombre. Noir et rouge brun sont dominants. Par ailleurs, il se trouve aussi un double portrait où une tête d’enfant est bien en vue dans l’un des deux coronavirus qui emplissent le tableau. Ce dernier semble écraser la tête d’un homme, Claudy lui-même, à qui il fait ombrage. C’est dire combien toute l’ambiance alentour, lumineux et obscur à la fois, les couleurs choisies par l’artiste, s’intègrent dans l’atmosphère tragique de la maladie à coronavirus. Le peintre s’est lui-même laissé surprendre par ses œuvres. « Je n’ai jamais pensé que je peignais des formes de virus ! », dit-il dans un ton de stupéfaction. Mais le fait est là !