Les immortelles chansons d’Afrique : « Mwana ya Béhomi » d’Ange Linaud

Vendredi, Septembre 4, 2020 - 12:54

Chanteur à la voix pétillante et admirable, Ange Linaud a inscrit son nom dans le gotha musical congolais. L’écho de sa chanson « Mwana ya Béhomi », une œuvre de qualité artistique supérieure, a retenti loin des frontières de la République du Congo.

Prix de la meilleure chanson R.F.I « Découvertes 85 », ce titre est un Slow à la congolaise joué en Ré dièze mineur. Cet air s’ouvre par un son mélancolique produit par une flûte virtuelle provenant d’un piano de marque « JVC », appartenant à Bik’s Bikouta, grand calibre de la musique africaine dont l’art fut presque englouti par la vie diplomatique. Léopold Bouma exécute les asperges dans sa façon de gratter la guitare accompagnement. Le chœur, formé par Nina, Emma et Clotaire Kimbolo, fait tantôt des sourdines, tantôt des reprises. Le lead vocal est assuré par Ange Linaud : « Ozali mwana ya Béhomi, ngaï na zali ya Mimbélly, nakati bilanga biléki Lady, élingami na Nzambé sé boyé. Butu wana pémbéni ya ébalé, o sé ya moyi ya butu. O kati ya maboko na ngaï ozali koséké Lady. O sé ya motéma o weï na bisengo pona lobi. O kati ya dako na yo paradiso na biso molongo  mokomaki mwa ngaï na yo. Na bosani mabé mpé ba pasi ya mokili mpo pémbéni na yo Bisengo bilékaki Lady ». « Tu es ressortissante de Béhomi, je suis de Mimbélly. Dans un  magnifique jardin comme celui d’Eden, cette nuit-là, près de l’océan, sous le coucher du soleil, dans mes bras, tu riais Lady. Dans ton cœur tu étais morte de joie pour l’avenir. Dans ta maison, image de notre paradis, le monde nous appartenait. J’ai oublié les souffrances de ce monde parce qu’auprès de toi le bonheur n’avait pas de mesure Lady ». C’est l’histoire d’un homme qui au début vit un amour fou avec sa dulcinée puis vivra la solitude suite au départ de cette dernière.

Sorti en 1985 avec l’appui de la RTC (Radiotélévision congolaise) et RFI (Radio France internationale), ce disque fut enregistré à l’IAD (Industrie africaine du disque) de Brazzaville sous le numéro, IAD/S066. En effet, fraîchement rentré d’une mission diplomatique effectuée aux Etats-Unis, Bik’s sera contacté pour arranger et structurer les chansons des sept lauréats du concours prix Découvertes. Ces artistes vont envoyer leurs chansons sur des bandes cassettes. Bik’s prit le soin d’écrire les partitions des chansons de chaque artiste et forma un orchestre qui l’accompagnera dans cette tâche. Le 25 octobre 1985, lors de la remise des prix aux lauréats Découvertes 85, dans la grande salle du Palais des congrès, Ange Linaud reçut le meilleur score d’applaudissement grâce à ce tube. Tati Loutard, alors ministre de la Culture se leva le premier, puis Bernard Lavilliers, et enfin toute la salle.

Né en 1949 à Mimbélly dans la Likouala, en République du Congo, Ange Linaud Ndjendo a débuté la musique professionnelle en 1965 avec l’orchestre Tembo. En 1967, il intègre le Super Boboto. En 1972, il est dans les Nzoys. En 1977, il assure la présidence de l’Union des Musiciens du Congo. En 1988, il participe au festival de musique de Pyong Yang en Corée du Nord. En 1996, il est décoré de la médaille du mérite congolais. Le 5 novembre 1999, il décède à l’âge de 50 ans.         

           

 

 

Frédéric Mafina
Légendes et crédits photo : 
Ange Linaud
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