Centrafrique : opposition et société civile appellent à des discussions sur le processus électoral

Jeudi, Septembre 3, 2020 - 18:35

Les élections présidentielle et législatives du 27 décembre s’annoncent particulièrement risquées dans un pays qui peine à se relever après des années de guerre civile. Malgré cela, plusieurs candidats sont en lice dont l’ex-président François Bozizé qui est depuis 2013 sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

En attendant la date des élections générales, l’Autorité nationale électorale (ANE) peine à convaincre sur sa capacité à les organiser dans les délais. En effet, les chiffres communiqués par cet organe sur l’enrôlement des électeurs, débuté le 30 juin après plusieurs reports, ne sont pas de nature à rassurer l’opposition et la société civile. Mais l’ANE justifie les difficultés rencontrées par le manque de financement même si l’Union européenne s’est engagée à supporter la moitié du budget estimé à 24 milliards de FCFA.

L’organe chargé d’organiser les élections dit déjà craindre un « glissement du calendrier électoral si toutes les étapes de l’organisation de l’élection ne sont pas exécutées à temps ». Une crainte partagée par l’Observatoire national des élections, une organisation de la société civile, alors que les listes électorales doivent être prêtes au plus tard le 15 septembre. Dans les rues de Bangui on évoque plutôt qu’en réalité le Mouvement cœurs unis (MCU) au pouvoir jouerait sur le temps puisqu’il n’est pas certain de la tenue de la présidentielle à la date prévue du 27 décembre.

Dans le but de remédier à cette situation et à d’autres facteurs pouvant retarder la tenue des élections, les partis politiques d’opposition, certaines organisations de la société civile et diverses personnalités appellent les autorités à une concertation nationale. « Ce ne sont pas des revendications. C’est juste inviter le président à rassembler un échantillon de Centrafricains pour discuter de ce processus électoral qui va dans tous les sens, pour discuter de cet accord de paix qui n’est pas du tout respecté », explique Anicet George Dologuélé, le président de l’Union pour le renouveau centrafricain (Urca) et de la plateforme d’opposition COD20-20. « Nous avançons vers les élections et de plus en plus les groupes armés occupent le terrain, deviennent de plus en plus violents », s’inquiète-t-il. Dans un courrier au président de la République, ces différents acteurs sus-cités ont lancé l’appel avant de se mobiliser prochainement pour des actions qu’ils qualifient de « désobéissance civique ».

Va-t-on maintenir la candidature de François Bozizé ?

Concernant l’ancien président François Bozizé qui a dirigé le pays de 2003 à 2011, avant d’être chassé par une coalition de mouvements rebelles, appelée la Séleka, il avait annoncé sa candidature en juillet. Ce général de l’armée est toujours sanctionné par les Nations unies pour son rôle dans la crise de 2013 au cours de laquelle il est accusé d’avoir soutenu des milices antibalaka. Il est aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Justice centrafricaine pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ».

Jusqu’à ce jour, personne ne sait si le pouvoir et la justice vont, le moment venu, se saisir de ce dossier et d’autres chefs d’accusations pour écarter sa candidature. Pourtant, après six années d’exil à l’étranger, l’ancien chef de l’Etat qui était revenu à Bangui la capitale à la mi-décembre avait été reçu par l’actuel président Faustin Archange Touadéra.

Outre François Bozizé, d’autres candidats au scrutin présidentiel sont les anciens Premiers ministres Anicet-Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, l’avocat et ancien ministre d’Etat Crépin Mboli-Goumba, qui ont été investis par leur formation politique. La dernière candidature annoncée est celle de Catherine Samba Panza, ex-présidente de la transition qui n’est affiliée à aucun parti.

Le président sortant, Faustin Archange Touadera, ne s’est pas encore déclaré candidat mais tout porte à croire qu’il va briguer un second mandat. Le numéro un centrafricain attend la tenue d’un congrès de son parti pour être investi comme représentant de la mouvance présidentielle. Cela ne surprend guère puisque le MCU a déjà signé un accord de plateforme électorale commune avec une trentaine de formations politiques pour bénéficier du soutien de celles-ci à la présidentielle et aux législatives.

Notons que pour le scrutin présidentiel qui s’annonce, si aucun candidat n’obtient la majorité absolue des suffrages au premier tour, un second sera organisé le 14 février 2021.

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula
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Siège de l'Autorité nationale des élections
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