Province de l’Ituri : les miliciens de la Codeco créent la panique à Bunia

Samedi, Septembre 5, 2020 - 13:04

La situation était très tendue ce vendredi 4 septembre à Bunia, en province de l’Ituri, où les miliciens de la Codeco y ont fait une incursion dans la matinée créant une panique générale parmi la population. Les marchés, les écoles et les maisons de commerce sont restées fermées toute la journée suite à cette présence insolite.

RDC: situation confuse à Bunia après l'entrée en ville de miliciensArmés de fusils pour les uns, et de bâtons pour d’autres, ces miliciens qui arboraient des bandeaux blancs sur leurs têtes ont défilé en file indienne, traversant la ville sous le regard médusé des autochtones. Selon des sources locales, ils étaient venus des localités d’Ezekere, Kantoni et de  Zumbe au sud-Est de la ville, puis se sont regroupés avant  d’amorcer leur itinérance qui a débuté par les quartiers périphériques.   

C’est vers la prison centrale de Bunia que ces miliciens ont convergé. Ce site pénitentiaire était, pour ainsi dire, le lieu où devait déboucher la procession de ces miliciens qui étaient loin d’être les bienvenus dans la ville au regard de leur sulfureuse réputation de tueurs impénitents. Ils déclaraient à qui voulait les entendre qu’ils étaient venus libérer leurs compagnons d'armes incarcérés dans la prison centrale de Bunia. Toute la matinée, ils ont fait le pied de grue aux alentours de la prison, tenus à l’œil par les forces de sécurité qui campaient sur le site pénitentiaire. Les deux parties se regardaient en chiens de faïence tout en s’envoyant des signaux de paix. Cette présence des miliciens de la Codeco autour de la prison a mis du temps avant que ne soient engagées des négociations entre eux et les autorités provinciales. Des négociations laborieuses qui, d’après des indiscrétions, s’étaient cristallisées autour des principales revendications des miliciens, en l’occurrence, la libération de leurs camarades détenus à la prison de Bunia et leur éventuel désarmement et réinsertion dans le cadre du programme DDR.

Ces négociations ont finalement abouti au retrait des miliciens qui, visiblement, semblaient avoir été satisfaits des promesses leur faites par les autorités provinciales. Ce qui n’était pas du goût de la population qui n’avait pas du tout apprécié ce rapprochement entre les autorités provinciales et les miliciens de la Codeco. Face à ce qu’ils ont considéré comme une trahison, certains jeunes des quartiers périphériques se sont dits prêts à la résistance populaire tout en promettant de protéger la ville si les forces de l'ordre n'intervenaient pas. Car, pour eux, les autorités militaires et civiles de leur juridiction ont trahi en caressant les miliciens dans le sens du poil. Dans leur chemin de retour, sous forte escorte militaire, transportés dans des camions des FARDC, les miliciens ont été la cible des jeunes révoltés qui leur ont lancé des projectiles en signe de protestation contre leur incursion dans la ville. La police a, en effet, lancé des gaz lacrymogènes pour essayer de disperser, à certains endroits, des jeunes hystériques.  La Monusco, quant à elle, n’est pas intervenue, mais elle avait mis ses troupes en état d’alerte maximale.

Malgré le retour des miliciens de la Codeco dans leurs lieux de provenance, la psychose est toujours présente au sein de la population qui redoute l’infiltration de ces hommes armés dans certains quartiers pour planifier une nouvelle invasion de la ville. Le maire de Bunia, quant à lui, se veut rassurant et exhorte ses administrés à la vigilance en dénonçant les cas suspects. Il a rassuré que toutes les dispositions ont été prises pour que pareil incident ne se reproduise plus.    

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Une vue aérienne de la ville de Bunia
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