Sahel : les groupes armés continuent d'enrôler les enfants soldats

Samedi, Septembre 12, 2020 - 12:30

Déployés dans la région pour lutter contre les djihadistes, la force Barkhane et ses partenaires du G5 (Mali, Burkina, Mauritanie, Niger, Tchad) ont multiplié ces derniers temps des offensives dans la zone des trois frontières pour neutraliser des combattants islamistes. Malgré cela, les insurgés sont déterminés à utiliser les jeunes recrues dans les batailles durant le mandat du nouveau commandant de l’opération française, le général Marc Conruyt.

Il ressort des missions de pacification entreprises au Sahel qu’une meilleure synchronisation sur le terrain de tous les acteurs et une lutte efficace contre l'influence terroriste auprès des populations ont permis de saper les capacités matérielles et humaines des terroristes. En dépit des progrès réalisés dans le combat mené dans la région contre les groupes armés dont l'Etat islamique au grand Sahara, les observateurs signalent que cette situation a conduit les djihadistes à renforcer le recrutement d’enfants soldats dans leurs rangs.

« Ce que j’ai pu observer (…), c’est que l’ennemi s’est durci. Il n’hésite plus à recourir à des enfants soldats. Ces derniers sont endoctrinés et entraînés au maniement des armes », indique le général Pascal Facon, le prédécesseur de l’actuel commandant de la force Barkhane. « Il s’agit d’une préoccupation importante pour la France et cette exploitation abjecte nous met en difficulté dans le cadre de nos opérations. Bien évidemment, la robustesse de nos procédures d’engagement nous permet de nous prémunir quasi-systématiquement de dommages collatéraux. Pour autant, il arrive que l’on constate lors des opérations de neutralisation la présence de mineurs », ajoute le haut gradé de l’armée française.

Des enquêteurs confirment que les djihadistes se servent de temps en temps des jeunes recrues peuls – filles comme garçons - âgés de 12 à 14 ans, voire moins dans le conflit qui les oppose à la force Barkhane. « Les groupes armés utilisent dans leurs rangs des mineurs, qui ne sont pas commis à des tâches comme faire la cuisine ou transporter de l’eau, mais à faire la guerre », indique-t-on. Même si ces situations ne sont pas régulières « il faut en avoir conscience », souligne le général Marc Facon, assurant qu’il a toujours fait du respect du droit international sa ligne directrice.

Les troupes étrangères appelées à la vigilance

Un message lancé à l’endroit de toutes les forces internationales basées au Sahel que sont la force européenne Takouba, l’EUTM (mission de formation de l’Union européenne), la Minusma (Mission de l’ONU au Mali)  ainsi que la force française dont le ministère des Armées assure que le tempo des opérations reste inchangé parce que, selon le cabinet de Florence Parly,  le coup d'État au Mali n'a eu « aucune incidence sur les activités de Barkhane ». 

La même vigilance est requise des futurs soldats de l’opération Takouba qui doit prendre sa pleine mesure en février prochain avec l'arrivée du contingent suédois. Adopter une telle attitude s’avère nécessaire parce que les troupes internationales vont assurément être confrontées aux problèmes des enfants soldats lourdement armés qui attaquent les militaires français, préviennent les analystes.

L’enrôlement des gamins n’est pas un phénomène nouveau au Sahel et dans d’autres foyers de tensions. Ce qui a maintes fois poussé les Nations unies à sonner l’alerte sur le sort des jeunes recrues djihadistes utilisés dans les conflits armés. A cet effet, Virginia Gamba, la représente spéciale du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés ne cesse de plaider pour que l’on développe des programmes d’insertion de ces jeunes.  En 2017, la mission de l’ONU au Mali dénonçait déjà la présence d’enfants soldats et de mineurs prisonniers au Nord Mali.

Nestor N'Gampoula
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