Il est vrai, indiscutable même que la France, terrassée en 1940 par l’Allemagne nazie qui se lançait avec une violence rare à la conquête de l’Europe, est venue se reconstruire en Afrique centrale et tout particulièrement à Brazzaville que le général de Gaulle, après avoir lancé depuis Londres son appel du 18 juin, avait choisi comme « Capitale de la France Libre ». Mais cette grande et belle page de l’Histoire commune écrite ainsi par la France et l’Afrique est-elle réellement connue, comprise des nouvelles générations qui doivent ou qui devront en écrire de nouvelles ?
A cette question, il est malheureusement évident que la réponse n’a guère été positive, du moins jusqu’à présent même si des historiens de renom ne cessent de rappeler les différentes étapes de la grande aventure qui permit à la France et d’ailleurs plus largement à l’Europe de devenir ce qu’elles sont aujourd’hui : une communauté de nations libres ayant mis, non sans mal, un terme définitif aux conflits qui les avaient dressées pendant des siècles les unes contre les autres avec les conséquences dévastatrices que l’on connait et qui provoquèrent d’immenses dégâts bien au-delà de leurs frontières.
De ce qui précède et qui relève de la simple observation des discours, des écrits, des déclarations qui accompagnent la commémoration des grands moments ayant marqué quatre années durant la Deuxième Guerre mondiale ressort l’évidence selon laquelle le temps est venu de rappeler que c’est bien en Afrique centrale – alors dénommée « Afrique Equatoriale Française » – qu’a débuté la libération de la France et donc plus largement celle de l’Europe. D’où l’importance que revêtira dans un mois – du 25 au 28 octobre – la commémoration à Brazzaville de la venue du général de Gaulle, de la publication du « Manifeste de Brazzaville », de la création du « Comité de défense de la France Libre », du lancement de Radio Brazzaville qui s’ensuivirent.
Préparée depuis des mois avec le plus grand soin par la France et le Congo avec le concours de la Fondation de Gaulle, cette commémoration retracera de façon minutieuse les grandes heures de ce temps quelque peu oublié. Elle rappellera aussi que c’est à Brazzaville que fut engagé quelques années plus tard, toujours grâce au général de Gaulle, le lent processus qui devait permettre à de nombreux peuples du continent africain de retrouver leur liberté : avec, d’une part, la Conférence qui se tint à Brazzaville du 30 janvier au 8 février 1944 et, d’autre part, le discours prononcé toujours à Brazzaville, le 24 août 1958, par le général de Gaulle qui lança le processus de l’indépendance des pays africains.
Dans le moment très particulier que nous vivons où les cartes se rebattent sur la scène stratégique mondiale rien n’est plus important que de remonter le temps, non pour le réécrire mais pour en rappeler les grands évènements et souligner les liens très particuliers que l’Histoire, la grande Histoire, a tissés entre nous. Espérons que les autorités de tous les pays concernés en ont conscience et manifesteront d’une façon ou d’une autre leur attention, leur respect pour la série de commémorations hors normes qui se prépare à Brazzaville.