Jamaïca Kincaid, Maryse Condé, Margaret Atwood, Stephen King, voire Michel Houellebecq. Voici les quelques noms d’auteurs qui avaient la cote au paradis des bookmakers pour remporter le prix Nobel de littérature 2020. Cette année, à J-1, c’est la poétesse canadienne Anne Carson, qui tenait même la corde avec une cote à 5 contre 1.
Derrière elle, à 6/1, trois femmes puissantes : Ludmila Ulitskaïa, romancière russe et prix Médicis étranger 1996 pour « Sonietchka » (Gallimard), Margaret Atwood, la star canadienne, mondialement connue pour son roman « La Servante écarlate », et la Française de Guadeloupe Maryse Condé, qui fut récompensée en 2018 par le nouveau prix de littérature de l’Académie créé pour cause de défaillance du comité, empêtré dans un scandale d’agression sexuelle ayant entraîné de nombreuses démissions au sein de ses dix-huit membres. Viennent ensuite, à 8 contre 1, l’éternel favori, le Japonais Haruki Murakani, le Kenyan Ngugi wa Thiong’o et la Française Annie Ernaux.
Avec son lot habituel de vedettes planétaires et d’auteurs plus confidentiels, le Nobel de littérature de cette année vient d’être décerné, et le moins que l’on puisse dire, c’est une grande surprise, qu’aucun bookmaker n’avait vu venir. Le prix Nobel de littérature 2020 a donc été attribué à la poétesse américaine Louise Glück, a annoncé le comité le 8 octobre. Le prix lui a été attribué « pour sa voix poétique indubitable qui, avec une beauté austère, rend l’existence individuelle universelle ».
La lauréate succède à Peter Handke et Olga Tokarczuk, respectivement prix Nobel de littérature en 2019 et 2018. Née à New York d’une famille juive hongroise en 1943, Louise Glück a fait ses débuts en 1968 avec la publication de son premier recueil de poésies intitulé « Firstborn ». Récompensée entre autres du Pulitzer, en 1993, et du National Book Award, en 2014, elle est considérée comme l’une des proéminentes poètes de la littérature contemporaine américaine.
Au travers de ses douze ouvrages, la poétesse explore avec clarté les questions autour de l’enfance, la vie de famille, mais aussi la relation étroite qui peut exister entre ses membres. Par soucis d’universalisme, Louise Glück puise aussi son inspiration dans les mythes classiques, « présents dans la plupart de ses poèmes ». Averno (2006) est son recueil magistral, une interprétation visionnaire du mythe de la descente aux enfers de Perséphone en captivité de Hadès, le dieu de la mort. Une autre réalisation spectaculaire est son dernier recueil, Nuit fidèle et vertueuse.
En français, la traduction de cette poétesse est restée jusqu’ici confidentielle, faute de parution en volume. Elle se limite à des revues spécialisées. Elle a consacré un de ses poèmes à Jeanne d’Arc en 1976. Louise Glück devient ainsi la 16e femme à recevoir la prestigieuse récompense, créée en 1901. Parmi elles, Selma Lagerlöf (1909), Gabriela Mistral (1945) et Nelly Sachs (1966), toutes trois poètes. Après une série de scandales ou de controverses qui a terni depuis trois ans le plus célèbre prix littéraire au monde, la direction qu’allait prendre le Nobel de cette année était particulièrement imprévisible, selon les critiques.