Distinction : le prix Nobel de la paix attribué au PAM

Samedi, Octobre 10, 2020 - 12:00

Le prix Nobel de la paix 2020 a été décerné au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, le 9 octobre, à Oslo en Norvège, pour ses efforts de lutte contre la faim et l’amélioration des conditions de paix.

Le comité a décidé d’attribuer le prix au PAM « pour ses efforts de lutte contre la faim, pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par des conflits, et pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre et de conflit », a indiqué Berit Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel norvégien.

Le PAM, la plus grande organisation humanitaire mondiale de lutte contre la faim et de promotion de la sécurité alimentaire, était l’un des trois cent dix huit candidats à l’examen par le comité Nobel norvégien. Le PAM est une puissante organisation qui opère depuis près de six décennies dans les zones en proie aux calamités naturelles ou aux conflits armés pour apporter une aide d’urgence aux populations sans ressources.

Créée en 1962 à la demande du président américain Dwight Eisenhower, le PAM est récompensé, cette année, alors que la pandémie due au nouveau coronavirus a fortement augmenté le nombre de victimes de famine à travers le monde. L’exposé des motifs du comité a décrit la crise mondiale actuelle de Covid-19 comme un catalyseur pour de nouvelles victimes de la faim, et a félicité le PAM d’avoir intensifié son travail car « la nourriture est le meilleur vaccin contre le chaos ».

Une aide mensuelle à plus d’un million de personnes

Pas moins d’un million de femmes et d'enfants de moins de cinq ans reçoivent un appui nutritionnel de la part du PAM chaque mois. L’organisation onusienne affrète l’équivalent de cinq mille six cents camions, trente navires et près de cent avions chaque jour, souvent via des ONG et des transporteurs privés. Localement, dans des pays inaccessibles, l’organisation utilise aussi des ânes.

En raison des conflits, mais aussi des conditions climatiques extrêmes et des chocs économiques, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë dans le monde a bondi de près de 70 % ces quatre dernières années. Plus de huit cent vingt et un millions de personnes dans le monde souffrent de faim chronique, alors que cent trente cinq millions d’autres connaissent la famine ou des carences critiques en alimentation, auxquelles pourraient s’ajouter cent trente millions de personnes supplémentaires à cause de la pandémie du coronavirus.

Avec soixante treize millions de personnes touchées sur cent trente cinq millions, c’est encore l’Afrique qui paye le plus lourd tribut à cette situation de famine. Parmi les pays dont la population est la plus fortement affectée figurent le Soudan du Sud (61 %), le Yémen (53 %) ou l’Afghanistan (37 %). C’est d’ailleurs au Yémen que le PAM a mis en place sa plus grande opération, afin d’aider dix millions de Yéménites en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Les deux-tiers du travail du PAM s’effectuent dans des zones de conflit. L’aggravation de l’insécurité alimentaire est sensible dans ces zones, comme la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, ou des pays touchés par une aggravation de la sécheresse ou de leur situation économique, comme Haïti, le Pakistan et le Zimbabwe.

Avec le coronavirus, la situation pourrait encore se dégrader, d’après un rapport de l’Onu, car ces pays ont « une capacité très limitée voire inexistante à faire face aussi bien aux conséquences sanitaires qu’économiques » de cette crise sanitaire.

En Afrique où l’organisation est impliquée, l’annonce du prix a été accueillie dans la joie par les travailleurs du PAM. Le prix Nobel de la paix souligne notamment le lien entre sécurité et éradication de la faim dans le monde.

Yvette Reine Nzaba
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