La mise sur le marché de médicaments dangereux ou inactifs, échappant à tout contrôle au niveau des frontières, constitue à la fois une menace pour la sécurité des populations, un scandale moral et un défi pour les acteurs du développement. Ainsi pour lutter contre le phénomène, l’Organisation mondiale des douanes (OMD) a mené une enquête au mois d’avril dans vingt-trois pays africains, dont le Congo Brazzaville
Les résultats de cette expertise qui a duré deux mois, ont été rendus publics le 20 juillet, lors d’une conférence de presse animée par les responsables de l’OMD. Le document souligne qu’environ 550 millions de faux médicaments, issus de ces pays, représentant une valeur de 200 millions d’euros, ont été saisis.
L’expertise concernait notamment l’Algérie, l'Afrique du Sud, l'Angola, le Bénin, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Congo, Djibouti, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, Madagascar, le Maroc, l'Île Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Sénégal, la Tanzanie et le Togo. D’après les initiateurs de cette action, l’opération fait suite à un constat selon lequel, la recrudescence du fléau du trafic de faux médicaments ferait partie des facteurs occasionnant la hausse des taux de mortalité dans différents pays africains car il tue chaque jour des milliers de personnes.
Appréciant cette opération menée par son institution et avec l’aide des États concernés, son secrétaire général, Kunio Mikuriya, a reconnu que la valeur financière et le nombre de médicaments saisis apporte une preuve indubitable et supplémentaire quant à l’existence du trafic de faux médicaments qui, selon lui, est une nouvelle forme de crime international organisé. D’autant plus, il fait peser de lourdes menaces sur la santé et la sécurité globale des populations africaines. « La saisie que nous venons de réaliser dans vingt-trois ports d’Afrique donne une idée effrayante du fléau que représente le trafic de faux médicaments pour le continent », a-t-il précisé, tout en rappelant qu’il est urgent de mettre en place des instruments législatifs coercitifs afin de punir les fabricants ainsi que leurs trafiquants. Cette convention permettra également aux États qui y adhéreront de se doter d’un instrument de référence réglementant le secteur.
Soulignant en outre l’intérêt d’une action coordonnée entre tous les acteurs, notamment ceux de la santé, les décideurs politiques, les douanes et les médias pour une sensibilisation efficace, Kunio Mikuriya a déclaré : « L’accès à des médicaments de qualité est un des enjeux majeurs des politiques de santé publique en Afrique où le trafic de faux médicaments est un fléau. »
Notons qu’un faux médicament est sans principe actif ou ayant un principe actif sous-dosé, contenant un produit toxique.