Placée sous la gestion administrative de la Banque centrale du Congo (BCC) depuis le 30 mai 2016, la troisième banque du pays sera bien dissoute faute de résultats probants des différentes tentatives de relance de l’institut bancaire. Dix ans après, le processus de liquidation forcée est bien engagé avec une promesse de la BCC d’honorer les engagements de la banque
Depuis le samedi 10 octobre, la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) est placée en processus de liquidation forcée, allant de la surveillance rapprochée à la nomination d’un comité d’administration provisoire en passant par le plan de redressement et la désignation d’un représentant provisoire. Il s’agit d’un parcours normal pour une banque commerciale déclarée en faillite, renseigne les experts de la BCC. En effet, la dernière stratégie de la BCC a été d’installer un comité d’administration provisoire en 2016 pour assurer les affaires courantes et explorer d’autres schémas de sortie de crise après les échecs à répétition. Forcée d’abandonner les commandes, l’équipe dirigeante de la Biac espérait revenir à la manœuvre après de cent quatre-vingt jours de la gestion de la banque par la BCC. Théoriquement, la loi bancaire ne prévoit pas une extension à l’infini de la mise sous gestion administrative. Faute de repreneur et d’injection de capitaux frais, la seule option qui allait se dégager pour l’institut d’émission était de prévoir les liquidations forcées. Dans une liquidation à l’amiable, l’avantage pour les actionnaires est la proposition du liquidateur et du commissaire au compte. Malheureusement, cette crise va s’étendre jusqu’à l’annonce de la décision de la BCC le 10 octobre, soit près de quatre ans après l’installation du comité provisoire. Le point culminant du conflit opposant ouvertement la BCC à la famille Blattner, l’actionnaire majoritaire, est sans aucun doute la plainte au Tribunal de commerce de Kinshasa /Gombe contre la BCC.
Mais que représente encore la Biac ? En 2016, l’on estimait le dépôt, donc le passif, à environ cent quatre-vingt-dix millions de dollars. Par ailleurs, comme valeur de la banque, il y a notamment les crédits en faveur de ses clients à hauteur de deux cent quarante millions de dollars. A cela, il faut ajouter les actifs immobiliers estimés à quarante millions de dollars. Théoriquement, la liquidation devrait se passer sans grands heurts au regard des derniers chiffres. La correspondance de la BCC fait état de la nomination d’un liquidateur, le Groupement A.G.L., en l’occurrence AB Legal Van Cutsem-Global Business and consulting (GBC Sarl) – Lubala & Associés SCRL. La décision de dissoudre ne faisait l’ombre d’aucun doute depuis sa mise sous gestion administrative. Du côté de la BCC, l’on se veut tout de même rassurant en confirmant une issue heureuse à tous les clients, travailleurs et autres créanciers. «Toutes les parties prenantes rentreront dans leurs droits. Les déposants comme les employés de cette banque en faillite doivent avoir leur apaisement, car toutes leurs questions trouveront de réponse », a conclu le gouverneur de la BCC, Déogratias Mutombo Mwana Nyembo. Une affaire à suivre.