Année de Gaulle à Brazzaville : Ziana Tv invite l’historien Éric Deroo

Dimanche, Octobre 25, 2020 - 16:32

Pour sa première prise d’antenne sur l’événement mémoriel autour du général de Gaulle en Afrique, Cyr Makosso a reçu Éric Deroo, cinéaste et historien français, ancien réalisateur au CNRS. Bref retour sur les moments forts des échanges de l’émission réalisée via zoom le samedi 24 octobre

Capture d'écran lors de la première série - Année de Gaulle à Brazzaville- le 24 octobre 2020 : Ziana Tv invite l’historien Éric Deroo

L’historien a insisté sur la période de reconquête où, en pleine guerre, la France traverse la plus terrible crise de son Histoire. Ses frontières, son Empire, son indépendance et jusqu’à son âme sont menacés de destruction. Paris ne peut pas répondre à l’appel du 18 juin de Londres, illégitime. Le repli stratégique du général sera de rejoindre le vaste empire français. L’ambition du général était pourtant de rallier l’AOF et l’AEF et de brandir, aux yeux du monde, la grandeur de l’empire colonial français.

De ce fait, parler depuis Brazzaville, c’est montrer qu’il y a une continuité territoriale qui incite à continuer les combats. Il contre les actions du maréchal Pétain qui est totalement illégitime en demandant de déposer les armes ou en négociant l’armistice ouvrant l’arrêt des combats.

Rien de cela. Le général, dans son appel du 18 juin 1940, précise que la France a perdu une bataille mais pas la guerre, en référence à l’empire colonial français, gouverné à l’époque par Félix Eboué, gouverneur français d’origine guyanaise. Au début d'août 1940, il bénéficie du ralliement d’environ 7000 hommes en provenance des colonies.

Brazzaville devient la ville déterminante dans un rôle avant tout politique : terre française qui assure la continuité et la légitimité politique du général de Gaulle, non seulement au plan intérieur  mais également par rapport au jeu diplomatique entre la France de Vichy, l'Allemagne et l'Angleterre. A l’époque, pour les Anglais, le président légitime, c’était Pétain.

Courant 2020, Brazzaville tiendra, à juste titre, un colloque qui réunira de grands historiens pour évoquer, en trois axes, ce tournant décisif de l’histoire, grâce à l’Afrique des colonies en appui de la transmission de la « mémoire gaullienne ». Montrer ainsi que sans Brazzaville de Gaulle n’aurait pas été de Gaulle, le militaire, le chef de la France Libre relayant ses messages par la radio Brazzaville devenue la voix de la France libre.

De son point de vue, Éric Deroo a expliqué que l’histoire est une source de rapprochement entre les hommes. L’histoire n’est pas une source de conflits. Il ne faut pas lire l’histoire comme les repentances de l’un à l’autre. L’histoire doit être une séquence pour réconcilier les mémoires, en travaillant ensemble, prendre de la profondeur pour l’analyser et être capable de se projeter. Comprendre comment les choses se sont passées pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Regrettant qu’aujourd’hui l’histoire soit instrumentalisée par des gens qui jouent sur la mémoire, Eric Deroo opte plutôt pour une mémoire partagée, celle des faits, pour réfléchir à une histoire commune. Le monde est appelé à vivre ensemble et à s’interpréter à partir des faits historiques.

Lien de l’émission : https://youtu.be/3p7k7m-qkNU

Les dates à retenir en cette année 2020 :

1890 : sa naissance, à Lille, le 22 novembre

1940 : à la fois l’effondrement de la France et le Manifeste de Brazzaville établi par le général de Gaulle dont la mise en application permettra la reconquête de la France libre 

1970 : décès du général de Gaulle le 9 novembre à Colombey-les-Deux-Eglises

2020 : le 80e anniversaire de ses deux appels, en juin à Londres et en octobre à Brazzaville.

Contexte historique : Au cœur de l’histoire, au cœur de l’actualité africaine, au cœur du Congo, dans sa capitale, le général de Gaulle avait débarqué à Brazzaville le 24 octobre 1940 pour rallier les troupes de l’Empire, en pleine Seconde guerre mondiale. Le 27 octobre 1940 lança le Manifeste de Brazzaville annonçant la création d’un Conseil de Défense de l’Empire, composé du général Catroux, de l’amiral Muselier, du général de Larminat, des gouverneurs Eboué et Sautot, du colonel Leclerc, du médecin-général Sicé, du professeur Cassin et du révérend père Thierry d’Argenlieu. Brazzaville va donc compter dans la vie du général de Gaulle et Brazzaville deviendra la capitale de la France libre.

Marie Alfred Ngoma
Légendes et crédits photo : 
Photo : Capture d'écran lors de la première série - Année de Gaulle à Brazzaville- le 24 octobre 2020 : Ziana Tv invite l’historien Éric Deroo
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