Envois de fonds des migrants : une baisse de quatorze pour cent d’ici à 2021

Mardi, Novembre 3, 2020 - 17:15

Les travailleurs migrants enverront moins d’argent vers leurs pays d’origine par rapport aux niveaux d’avant la crise sanitaire en 2019. Cette tendance baissière devrait se poursuivre avec la deuxième vague de la pandémie et la crise économique, indique la Banque mondiale (BM) dans sa note d’information sur les migrations et le développement.  

Pour la première fois depuis des décennies, les migrations internationales vont enregistrer un ralentissement en 2020, signale la BM. La hausse du chômage parmi les migrants et les réfugiés, provoquée par les restrictions plus strictes en matière de visas, va accentuer le phénomène, affirme la BM. Si les perspectives restent incertaines tant au niveau de l’évolution de la pandémie de covid-19 et la crise économique, il faut craindre aussi un recul des envois de fonds des travailleurs migrants vers leurs pays d’origine. Ils devraient reculer de 14 % d’ici à 2021. Selon les chiffres de la BM, les transferts vers les pays à revenu faible et intermédiaire se situeraient à 508 milliards de dollars américains en 2020, soit un recul de 7 %. En 2021, il y aura un nouvel effondrement qui ferait passer le niveau à 470 milliards, soit un nouveau recul de 7,5 %.

Pour justifier les dernières estimations, la BM épingle des problèmes de plusieurs ordres, notamment l’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emploi dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar. Pour les experts de la BM, la pandémie de covid-19 aura bien des effets généralisés, touchant à la fois les migrants et les familles dépendantes. « La Banque mondiale poursuivra sa collaboration avec ses partenaires et les États afin de préserver cette véritable planche de salut et de contribuer au développement du capital humain», renchérit la Vice-présidente de la BM pour le développement humain et présidente du comité directeur sur les migrations, Mamta Murthi. Il serait ainsi crucial d’accompagner les migrants dans les pays d’accueil au cours de cette période. « Les mesures de soutien décidées dans ces pays doivent intégrer les migrants. De leur côté, les pays d’origine ou de transit doivent mettre en place des dispositifs de soutien au retour », ajoute le directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la BM, Michal Rutkowski. Il faut aussi des solutions à la réinstallation des migrants de retour dans les pays d’origine.

Une analyse plus approfondie de la note de la BM apporte d’autres révélations. Si la baisse des envois de fonds ne fait plus l’ombre d’aucun doute, les régions les plus touchées seront l’Europe et l’Asie centrale (16 et 8 %), l’Asie de l’Est et le Pacifique, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Quant à la partie subsaharienne de l’Afrique, elle vient juste après. Le recul devrait s’étendre globalement dans une fourchette variant entre 9 et 6 % pour s’établir à 44 milliards de dollars. Après l’Afrique subsaharienne, il y a encore d’autres régions affectées: l’Asie du Sud et l’Amérique latine et les Caraïbes. 

En dépit d’un contexte plus difficile, cet argent de la diaspora va demeurer la principale source de financement extérieur pour les pays à revenu faible et intermédiaire. Pour rappel, les transferts de 2019 estimés à 548 milliards de dollars américains ont dépassé les investissements directs étrangers (534 milliards) et l’aide publique au développement (166 milliards).    

Laurent Essolomwa
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