Lire ou relire : « Les mystères du monde pénitencier » de Célestin Tanda

Vendredi, Novembre 6, 2020 - 13:45

L’écrivain camerounais nous emballe dans un récit descriptif des déboires des émigrés africains dans les prisons du pays arc-en-ciel de l’icône anti-apartheid Nelson Mandela. 

Mugumby est un jeune Camerounais en quête d’aventure et d’une meilleure condition sociale dans son pays. Très vite, il tombe entre les mains d’un compatriote, dealer invétéré qui manie malice, ruse et escroquerie avec l’aisance d’un maître chanteur. Cette mauvaise fréquentation le fait atterrir à la prison de Sun city, sur une fausse accusation de vol inventée par cet escroc pour s’enrichir sur le dos de l’adolescent naïf venu à Johannesburg dans l’espoir justement d’y gagner sa place au soleil. Il y découvre l’horreur des geôles africaines.

La violence sous toutes ses formes dans les conditions de détention les plus inhumaines sont, entre autres vestiges, le spectre qui va longtemps hanter la mémoire de ce rescapé de l’enfer des chaînes tristement célèbre des prisons d’Afrique du Sud. Telle est la trame du récit circonscrite à la quatrième de couverture.

« Les mystères du monde pénitencier » est un roman de mœurs, subdivisé en seize chapitres sur cent pages à peine. Donc un récit chronologique entrecoupé sous forme d’épisodes, que le lecteur peut lire d’affilé surtout que le langage de la narration est limpide et rend l’histoire très attrayante, malgré les réalités moroses décrites sans métaphore dulcifiant. Mélancolique témoignage qui sonne comme une dénonciation des violences dont sont victimes de milliers de sans-voix à travers le monde (pénitencier).

A côté de ce tableau, il y a aussi la part de solitude routinière que vit le prisonnier loin de l’ambiance de la vie ordinaire. Moment qui le place en face de sa propre conscience et qui élargit son imagination. « En prison, on a tendance à croire qu’une journée est plus longue que celle d’un homme en liberté. Celui qui est en prison a l’impression qu’une journée compte 38 heures et non 24. Pourquoi ? Parce qu’il la passe sans rien faire ou presque ; il passe toute la journée à réfléchir sur son passé. Il se pose des questions sur le présent et plonge dans le futur. Il se crée des stratégies d’évasion. Le prisonnier ressemble à un handicapé moteur qui rêve de se promener en ville, mais il ne peut pas, faute de jambes », lit-on à la page 47.  

Né le 14 janvier 1983 au Cameroun, Célestin Tanda est joueur de rugby dans l’équipe les Diables rouges du Congo. Il est aussi auteur du roman « Fric en Afrique ». Ses deux romans ont été édités à l’Harmattan-Congo.

Aubin Banzouzi
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Photo: Couverture de l'ouvrage
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