Pendant que le chef de l’Etat, Felix Tshisekedi, poursuit ses consultations au Palais de la nation, le Front commun pour le Congo (FCC) qui vient de battre le rappel des troupes est en retraite politique, depuis le 6 novembre, à Safari Beach, dans la périphérie est de Kinshasa.
Plusieurs cadres de ce regroupement politique, pourtant invités par le chef de l’Etat à l’instar de l’ex-Premier ministre Bruno Tshibala, ont été aperçus sur ce site situé au bord du fleuve Congo. Une façon pour eux de respecter le mot d’ordre de leur famille politique appelant au boycott des consultations présidentielles. Plusieurs têtes couronnées du FCC se sont retrouvées autour de leur autorité morale, pour réfléchir sur les enjeux politiques actuels sur fond de tension entre les partenaires de la coalition. Lambert Mende Omalanga, Léonard She Okitundu, Adolphe Lumanu et tant d’autres figures de proue du FCC entendent, à l’issue de cette deuxième retraite, après celle de Mbuela Lodge à Kisantu, lever des options en rapport avec les questions brûlantes de l’heure.
Ces assises se tiennent dans un contexte politique tendu avec, à la clé, une guerre de nerf entre les partenaires de la coalition FCC-Cash. Déjà, à l’ouverture de ce forum, la famille politique de Joseph Kabila a donné le ton en déclarant, par l’entremise de son coordonnateur, que les « manœuvres politiques et partisanes » qui sévissent au pays servent à distraire la population déjà « exacerbée » par la crise socioéconomique. La corruption et les antivaleurs constitueraient, de l’avis du FCC, les causes de la crise institutionnelle actuelle qui gangrène le pays.« Le FCC condamne toute manœuvre politique et partisane visant à anéantir le bénéfice de celle-ci et à détourner l'attention de notre peuple au regard du seul combat qui vaille, celle de l'amélioration de son vécu quotidien. Il est évident qu'après trois cycles électoraux tenus en RDC, il serait inapproprié de douter de la maturité politique du peuple congolais et de sous-estimer le niveau de son exaspération face à la crise socioéconomique exacerbée d'une part par la corruption et les antivaleurs d'autre part par la pandémie de la covid-19 », a déclaré Néhémie Mwilanya.
Le FCC soutient, par ailleurs, qu’en dépit des réformes souhaitées, il demeure « intransigeant » en ce qui concerne la Constitution de la République et d’autres textes légaux. Et le calendrier électoral ne doit aucunement être affecté par lesdites réformes. « S'agissant des réformes institutionnelles et électorales, le FCC détenteur de la majorité parlementaire est conscient de la responsabilité qui lui incombe au regard de la légitimité lui conférée par le peuple le 30 décembre 2018 (...) Quoi qu'il arrive, ces réformes ne devraient pas contrarier l'agenda électoral de 2023. Le FCC reste intransigeant quant au respect de la Constitution et loi de la République ainsi que les engagements souscrits dans le cadre de l'accord de la coalition comme gage de stabilité et de pérennité pour la démocratie congolaise qui a enregistré un tournant décisif depuis le 24 janvier 2019 lors de la passation pacifique et civilisée du pouvoir », a déclaré le coordonnateur du FCC.
Quoiqu’il en soit, maints analystes redoutent que le FCC, qui agite déjà le spectre de haute trahison à l’encontre du chef de l‘Etat pour violation de la Constitution en réponse à la perspective de dissolution du Parlement qui se dessine de plus en plus, ne verse dans les états d’âme, sans tenir compte des conséquences d’une telle décision. Plutôt que d’aller dans les extrêmes, certaines langues estiment que le FCC ferait œuvre utile en cherchant un point d’équilibre sur certaines divergences avec le Cash liées notamment à l’indépendance de la Justice, de l’Etat de droit, du portefeuille de l’Etat, de la Territoriale ainsi qu’à la sécurité du pays.