Présidence américaine : la politique africaine de Joe Biden en question

Mardi, Novembre 10, 2020 - 11:15

La politique africaine de l'administration de Joe Biden n'est pas encore définie. Mais son équipe affiche des signaux positifs pour un rapprochement avec l'Afrique, dans un « respect mutuel ».

L'élection de Joe Biden suscite des réactions majoritairement positives en Afrique. Nombreux chefs d'Etat l'ont félicité. Le Sud-africain Cyril Ramaphosa, qui assume la présidence tournante de l’Union africaine (UA), est «  impatient de travailler, de renforcer les liens d'amitié et de coopération entre les deux pays ». Le Nigérian Muhammadu Buhari espère « un plus grand engagement en matière de lutte contre le terrorisme ». Le Congolais Félix Tshisekedi est disposé à maintenir le "partenariat privilégié qui unit la RDC et les Etats-Unis(USA) ». Le gouvernement de transition du Mali a hâte de "consolider" les relations économiques et militaires avec les USA « pour la sécurisation et l’intégrité de son territoire » .

Joe Biden affiche « un respect mutuel » avec le continent africain

L'équipe du nouveau président élu n'a pas encore annoncé la politique qu'il compte mener en Afrique. Mais dans le besoin de se démarquer de son prédécesseur Donald Trump, la nouvelle équipe affiche « un respect mutuel, un engagement » sur les questions de démocratie, de sécurité et d'économie, ainsi qu'une diplomatie plus classique, en rupture avec les distances prises par Donald Trump avec le continent africain.

Joe Biden compte restaurer les liens diplomatiques avec l'UA et les gouvernements africains, maintenir le Yali, le programme de promotion des jeunes leaders africains.

Ce sera donc le retour des sommets des chefs d'Etat africains. En tant qu'ancien vice-président (2008-2016) sous Barack Obama, Joe Biden bénéficie d'une expertise africaine, à travers Nicolas Burns et de Suzan Rice, l'ancien chargée d'Affaires africaines de Bill Clinton, par exemple. On peut aussi s'attendre au retour de l'Agoa, le programme d'échanges commercial qui a permis aux pays africains d'exporter sans taxes vers les Etats-Unis. Mais aucune information n'a encore filtrée sur la présence militaire améicaine au Sahel.

Mettre fin à la « politique inhumaine » de Trump

On parle de mettre fin à la « politique inhumaine » de l'administration Trump, ainsi que l'annulation du « travel ban », les restrictions de voyages aux Nigérians, Soudanais et Somaliens. Selon une enquête de la Ichikowitz Family Foudation, en Afrique du Sud, sur les 74% des 4200 personnes (18-24 ans) interrogées dans 14 pays d'Afrique subsaharienne, les Etats-Unis ont « régulièrement un impact » sur les événéments sur le continent. L'empreinte de Barack Obama dans l'imaginaire des jeunes africains reste vivace. Cet aspect a été perdu sous Donald Trump.

Sur le plan utilitariste, les élections américaines intéressent les Africains, dans l'ère de la mondialisation, et compte tenu de la dimension historique de la diaspora africaine, ainsi de l'actuelle, constituée de nombreux Africains résidant aux Etats-Unis. Aussi, l'influence américaine sur l'Europe et les étroites relations entre le pays de "l'oncle Sam" et l'Afrique.

Le veto américain sur l'élection de la Nigériane Ngozi Okondjo-Iweala, à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), illustre assez bien le poids des Etats-Unis dans le monde, en général, et au sein de la plupart des Organisations internationales (OMC,OMS,Unesco, Banque mondiale...).

La politique africaine de Joe Biden-Kamal : un simple changement dans le style

Pour Ahmedou Ould Abdallah, directeur du Centre pour la stratégie et la sécurité dans le sahel (Centre 4S), le changement de l'ère Biden par rapport à son prédécesseur se fera surtout dans le style plutôt que dans le fond. « Les fondamentaux de la politique étrangère américaine ne vont pas changer. Pour ce qui est du Sahel, [Joe Biden]  va continuer à renforcer la politique qui sera définie par la cellule conjointe du Département d’Etat et de la Défense, avec ce qui était l’Africom basé à Stuttgart, en Allemagne », selon lui.

Sur le plan économique, Joe Biden serait favorable à l'allègement de la dette africaine, et prêt à faire oublier cette phrase du début du mandat de son prédécesseur Donald Trump, qui qualifiait les pays africains de région de « trous de merde ».

Noël Ndong
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