Publié aux éditions Calmann-Lévy en août dernier, l'ouvrage « Les lumières d’Oujda » de Marc Alexandre Oho Bambe a fait l’objet d’un échange littéraire virtuel organisé, le 12 novembre, par l’Institut français du Congo. Ce roman de deux cent quatre-vingt-neuf pages traite essentiellement des questions d’immigration, d’exil et de conquête de soi.
Le récit de ce roman documentaire, à mi-chemin entre la fiction et la réalité, emporte le lecteur dans les méandres du personnage principal, un héros anonyme et atypique, qui tend à se confondre avec l’auteur lui-même. Après avoir tenté l’aventure à Rome, il est rapatrié au Cameroun, son pays natal. En quête de sens et porté par l’amour de Sita, sa grand-mère, il s’engage dans une association qui lutte pour éviter les départs vers un eldorado imaginaire, encore appelé par Marc Alexandre Oho Bambe « les cimetières de sable et d’eau ».
Toujours dans son errance, au Maroc, il rencontre le père Antoine, qui accueille des réfugiés, et Imane dont il ne lâchera plus la main. Au rythme de cette épopée chorale lumineuse, les parcours se mélangent, les destins s’entremêlent, entre l’Afrique mère fondamentale et l’Europe terre d’exil. La voix et le phrasé uniques de l’auteur effacent les frontières entre le roman, la poésie et le récit initiatique.
Pour son deuxième roman « Les lumières d’Oujda », Marc Alexandre Oho Bambe a choisi de recueillir la voix de plusieurs « réfugiés » et raconter leurs histoires. Ces personnages, à en croire ses propos, sont des êtres de plein vent qui tentent le tout pour le tout, le tout pour la vie. Ce sont de jeunes gens en quête d’eux-mêmes, de lumière, du bonheur, d’un avenir meilleur, de tendresse et d’humanité. « Ce sont des personnes qui me fascinent par leurs parcours et qui me rappellent celui que j’étais quand j’ai quitté mon pays le Cameroun à l’âge de 17 ans », a-t-il souligné.
A travers sa plume engagée, l’écrivain et slameur franco-camerounais souligne qu’il se veut un réquisitoire en règle contre la non-assistance à la jeunesse africaine en danger. Il y a urgence, rappelle-t-il en citant Aimé Césaire, son maître en pensées et en écriture. « La vie n’est pas un spectacle, disait le poète, car un homme qui crie est un ours qui danse ».
Selon lui, nulle part il n’y a d’eldorado. En soi, on peut trouver le paradis. Pour avoir lui-même connu l’exil et la migration, Oho Bambe décrit les faits et les raisons de ce choix avec beaucoup de passion et d’émotion, tout en décriant le fossé créé entre résident et migrant. « La pandémie du coronavirus en est une belle illustration. Du jour au lendemain, à cause d’une pandémie ou autre catastrophe naturelle, on peut être amené par ce fait à devenir toutes et tous étranger d’un autre, étranger qui cherche refuge ailleurs. Pour cette raison, j’ai toujours eu du mal avec le mot « migrant » car, pour moi, il n’y a pas eux et nous, il y a simplement nous », en pense-t-il.
Notons que cette rencontre littéraire a vibré au rythme de la lecture d’extrait du livre, de slam et de discussion avec le public congolais avec qui l’auteur a promis de se voir et passer de riches moments de partage artistique lors de son prochain séjour en terre congolaise.