Le sommet du G20, organisé en visioconférence par l’Arabie saoudite (21& 22 novembre), s’est concentré sur la crise sanitaire liée à la Covid-19. Les vaccins étaient au cœur des discussions. Les 20 pays les plus riches représentent les deux tiers de la population de la planète. Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a insisté sur une bonne répartition des vaccins entre pays riches et pays pauvres.
Le sommet du G20, sous la présidence de l'Arabie saoudite, s'est tenu sur fond de crise sanitaire et économique d'une ampleur inédite. Face à l'ampleur de l'épidémie de la Covid-19, plus d'1,3 million de personnes sont mortes et plus de 55 millions ont contracté le virus dans le monde. La course aux vaccins et leurs répartitions sur la planète ont fait l'objet d'une large communication.
A l'entame du sommet, le prince héritier Mohammed Ben Salmane a expliqué que cette pandémie a démontré la nécessité de la coopération internationale face aux crises. Devant l'ampleur de l'épidémie, l'enjeu focal est donc l'accessibilité aux vaccins.
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a rappelé qu'il manquait 28 milliards, dont 4,2 avant la fin de l'année pour financer l'ACT-Accelerator, un dispositif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), censé garantir que les pays riches ne monopoliseront pas les traitements, tests ou vaccins.
Emmanuel Macron appelle le G20 à la solidarité avec les pays pauvres
Le chef de l'Etat français a exhorté ses homologues du G20 à se montrer solidaires avec les pays pauvres dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, en particulier, s’agissant du partage des futurs vaccins. Il a appelé à une réponse globale, coordonnée, solidaire, pour une réponse efficace à la pandémie, considérant cette crise comme un test pour le G20. « L’ADN du G20 est de forger dans l’urgence les solutions multilatérales efficaces face aux crises », a-t-il déclaré.
Aussi souhaite-t-il que les pays du G20, qui représentent 90% du PIB mondial, achètent des doses de vaccins pour le compte des pays les moins avancés, afin d'éviter le scénario d'un monde à deux vitesses, « où seuls les plus riches pourraient se protéger du virus et reprendre une vie normale ». Martelant : « Et nous avons une responsabilité historique ».
Emmanuel Macron préoccupé par l'accès aux technologies universelles contre la Covid-19
Le président de la République française s'est félicité du succès du premier objectif de l'initiative ACT-Accelerator, à savoir mobiliser 10 milliards de dollars, pour accélérer la recherche de la production des technologies de santé, qui doit aboutir d'ici à la fin de l'année, à un vaccin disponible. « Ce qui est totalement inédit », a-t-il indiqué. Mais, il s'est montré préoccupé sur l'accès universel aux technologies contre la Covid-19 : « Serons-nous prêts lorsqu'un premier vaccin sera mis sur le marché, à en garantir l'accès à l'échelle planétaire[...] où seuls les plus riches pourraient se protéger du virus et reprendre une vie normale ? », s'est-il interrogé.
Emmanuel Macron plaide pour une stratégie construite en fonction des urgences et des objectifs sanitaires à l'échelle planétaire, multilatérale, collaborative et non du pouvoir d'achat des pays, craignant « des logiques d'influence ou d'intérets financiers des égoïsmes nationaux ». Pour lui, « le moment est venu de transformer l'approche conceptuelle du bien public mondial en une réalité concrète ».
L'achat des vaccins pour les PMA , le partage des connaissances et le savoir-faire
En ce qui concerne le vaccin, Emmanuel Macron a soutenu que la facilité Covax permet d'acheter suffisamment des vaccins pour le compte des pays les moins avancés (levée de 4,9 milliards de dollars). Cependant, d'autres contributions seraient nécessaires, notamment des dons, pour « la vaccination des publics prioritaires dans les Pays en développement (PED) ».
Le président français met également le partage des connaissances et des savoir-faire au cœur de la stratégie, notamment inciter l'innovation industrielle, favoriser le partenariat industriel et la production avec les PED, favoriser les capacités de recherche des productions de santé, y compris en Afrique, ce qui constitue « notre meilleure protection face aux futures pandémies », selon lui. En termes d'outils pour favoriser le partage de licences volontaires, il cite l' exemple du mécanisme UnitAid.
La coopération aux traitements et systèmes de santé primaire
Au-delà du vaccin, de la recherche, Emmanuel Macron pense qu'il faut étendre la coopération aux traitements et aux systèmes de santé primaire. Dès que les traitements contre le virus se stabilisent, «qu' ils puissent être de la même manière, diffusé, partagé avec les pays les plus pauvres et les économies en développement ».
Pour lui, tous les efforts visant à mettre à disposition des doses de vaccins dans les PMA et PED n'auraient aucune efficacité, si dans le même temps, « nous ne décidons pas de stabiliser, renforcer, parfois reconstruire, leur système de santé primaire ».
Pour cela, il suggère aux économies du G20, d'investir beaucoup plus, à travers leur Aide publique de développement dans leurs systèmes de santé primaire et dans leur reconstruction. Il compte sur la même mobilisation, s'agissant de la bataille pour le climat ou pour la biodiversité.
« Nous partageons plus que jamais, au nord et au sud, un avenir et des défis communs et qu'il faut aussi des solutions », a déclaré Emmanuel Macron, déterminé à renforcer partout sur la planète les systèmes de santé, partager les ressources, continuer à former des personnels de santé », pour être à la hauteur du défi.
Lyon va accueillir l'académie mondiale de la santé
Le chef de l'Etat français a annoncé le soutien de la France à l'OMS pour la mise en place d'une académie mondiale de la santé à Lyon, chargée de former les personnels de santé du monde entier. « Nous serons efficaces que si nous sommes justes, nous n'arrivons pas à être efficaces et justes que si nous sommes véritablement ensemble », a conclu Emmanuel Macron qui a souhaité « à tous d'être à la hauteur de ce rendez-vous de l'histoire, et d'agir ».