CEO de 97 Popular Company, une agence de communication congolaise qui se veut panafricaine, Rama Kongo Aba fait une autopsie des marchés africains et congolais de la communication, qu’il partage avec nous à travers cet intretien.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : L’agence 97 Popular Company dont vous êtes le promoteur et que vous dirigez se veut panafricaine. Pouvez-vous nous en parlez ?
Rama Kongo Aba (R.K.A) : Notre agence se veut panafricaine simplement parce que nous avons une vision à l’échelle continentale, et nous avons commencé à la matérialiser. Créée le 9 Juillet 2015, nous avons aujourd’hui deux représentations actives dont l’une à Abidjan en Côte d’ivoire et l'autre à Kinshasa en RD Congo. Nous sommes actuellement en train de mettre en place une troisième représentation à Tunis. Nous sommes également correspondant de la chaine « BBLACK MUSIC » pour les deux Congo, ce qui en mon sens conforte notre vision panafricaine.
L.D.B.C : Vous vous positionnez sur le marché comme conseiller en stratégie d’entreprise, qu’entendez-vous par cela ?
R.K.A : De nos jours, ce qui se fait dans la plupart des campagnes est une communication basique qui s’appuie sur l’utilisation des canaux habituels, sans plus. La stratégie, c’est ce côté subtil de la communication qui doit se faire en tenant compte de la culture des peuples. Pour illustrer mon propos, je citerai par exemple le mobile money en République du Congo qui a été inauguré autour de 2015 et qui n’a connu son réel boom qu’en 2019. Cela est en partie dû au fait que les campagnes de communication autour de ces produits n’ont pas tenu compte de certains éléments culturels tels que les langues locales et bien d’autres aspects pour intéresser les prospects. La conséquence immédiate est le retard dans l’atteinte des objectifs. Notez que plus les campagnes durent, plus elles sont coûteuses. Par conséquent, il est primordial de comprendre les gens avant de leur proposer une campagne autour d’un produit, d’une entreprise ou d’une marque.
L.D.B.C : Le marché de la communication est extrêmement concurrentiel en République du Congo, on peut le constater par la prolifération des agences de communication. Comment vous en sortez-vous face à cette adversité ?
R.K.A : Je dis souvent qu’une agence de communication n’excelle pas aussi longtemps qu’elle propose des choses qui sont communes, du déjà vu ou entendu. Et aujourd’hui, nombreux se lancent dans la communication simplement parce qu’ils disposent d’un réseau très large de personnes pouvant constituer une clientèle. Le résultat c’est que de nombreuses campagnes sont teintées d’amateurisme par l’usage de slogans, de chartes graphiques et de filtres colorimétriques inadaptés. Ce qui nous différencie des autres c’est que nous sommes un cabinet créatif.
L.D.B.C : Au regard du développement du secteur, les habitudes de la clientèle des agences de communication s’arriment-elles aux évolutions ?
R.K.A : Avant tout, il faut bien catégoriser les choses. Une agence de communication est dans la vente des services et les services coûtent cher pour la plupart des particuliers. Notre activité est donc plus souvent orientée vers les entreprises. Là où il y a de la concurrence, une agence se positionne logiquement parce qu’il y a des appels d’offres. Or, ce que nous observons en Afrique en général et au Congo en particulier c’est que les grandes entreprises ne lancent pas d’appels d’offres. Il y a une explication toute simple à cela. La plupart de ces entreprises travaillent avec une seule et même agence native lorsqu’elles doivent lancer une campagne autour d’un nouveau produit. Les conséquences qui en découlent sont que les autres agences qui ne disposent pas de ce genre de clients ont du mal à se positionner, ensuite la créativité stagne. La qualité de la publicité n’évolue pas du fait de l’absence de concurrence, on ne se surpasse simplement pas. Tant qu’il n’y aura pas d’appels d’offres, le secteur de la communication ne pourra pas être valorisé.
L.D.B.C : Qu’en est-il des PME et startups ?
R.K.A : Au niveau des PME et des startups, il faut dire que certaines peuvent communiquer mais ne considèrent pas toujours la communication comme quelque chose d’essentiel dans la vie de leur entreprise. Ici, il y a un manque patent de volonté entrepreneuriale de se surpasser. Nombreuses sont également celles qui veulent communiquer mais sont cependant confrontées à des difficultés budgétaires. D’autres communiquent, mais en digitalisant, en sponsorisant une page, c’est déjà ça la communication. En fin de compte, les habitudes peuvent changer, mais il faut avant tout que les mentalités se délient et progressent. Tant que tout restera dans les lobbies, on ne se développera pas.