Après sa signature en 2004, cet Accord devenu mythique n’a jamais connu un début d’application en RDC. Seize ans après, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a repris sa réalisation intégrale parmi ses dix-sept actions de redressement. En réaction à cette annonce, le monde syndical a tenu à saluer une telle initiative même si certaines dispositions du contrat social de Mbudi doivent revenir impérativement sur la table des négociations.
Avant même la désignation officielle d’un informateur et l’installation éventuelle d’un Gouvernement de l’Union sacrée de la Nation, l’adresse du président de la République, à l’issue des consultations de toutes les forces vives et politiques, suscite de nombreuses réactions tant Félix-Antoine Tshisekedi a fait le tour des grandes questions qui touchent la vie nationale dans tous les domaines. Le Contrat social de l’innovation, dit « Accord de Mbudi », fait partie des thèmes majeurs de l’actualité rd-congolaise au cours de la dernière décennie, même s’il n’a pas connu un début d’application 16 ans après. Initié dans des conditions troubles, au sortir de la guerre, cet accord a porté l’espoir de l’amélioration des conditions de travail des fonctionnaires et agents de l’État.
Face à ‘annonce d’une possible exhumation de l’Accord de Mbudi, les réactions restent mitigées du côté du monde syndical. Pour certains syndicalistes, il faut songer à convoquer une commission paritaire pour un nouvel examen du contenu de l’Accord. Il s’agit en quelque sorte de réchauffer les discussions entre, d’une part, le Gouvernement de la République et d’autre part, le monde syndical pour adapter les dispositions de l’Accord aux réalités d’aujourd’hui. Dans le cadre des « réalités » d’aujourd’hui, il y a par exemple l’épineuse question des nouvelles unités au sein de l’administration publique. Il est inadmissible que l’État continue de ne pas payer des agents et même des hauts cadres qui alignent vingt ans de carrière au motif qu’il s’agit de « nouvelles unités », entend-t-on. Il faut régulariser la situation de ces travailleurs. Et cette régularisation passe forcément par un numéro matricule.
La décision de remettre dans leurs droits des fonctionnaires risquerait bien d’aller à l’encontre de celle, moins populaire, du premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, annulant l’arrêté portant sur la régularisation des agents du ministère des Finances. Dans le milieu syndical, beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur la position du patron du Gouvernement qui semble considérer une régularisation comme un recrutement. Pour ces syndicalistes, il est tout juste impensable de ne pas sécuriser un agent. Or, insistent-ils, rien ne peut se faire sans une identification préalable. Le débat est de nouveau relancé d’autant plus qu’il est difficile à ce jour de connaître le nombre exact des agents et fonctionnaires de l’État sur l’étendue du vaste territoire national. Malgré tout, des synergies sont créées entre le Gouvernement et ses partenaires techniques et financiers pour arriver à doter le pays d’un fichier de référence des agents publics de l’État. Nous y reviendrons.