Drépanocytose : la prévalence reste stationnaire au Congo

Mardi, Décembre 8, 2020 - 15:30

Le Centre national de référence de la drépanocytose (CNRDR) a abrité, le 7 décembre, la première soutenance de mémoire en hématologie par un candidat de nationalité camerounaise, en présence de l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso, présidente de la Fondation Congo Assistance, marraine de la lutte contre la drépanocytose.

La soutenance du diplôme d’études spécialisées a eu pour thème, « Dépistage néonatal des hémoglobinopathies au Congo ». Selon le jury réuni pour juger les travaux, le Dr Simo Loukdom Josué est admis au diplôme d’études spécialisées d’hématologie avec mention « assez bien ».

Les recherches scientifiques menées par l’impétrant ont permis d’actualiser les données sur la drépanocytose en période néonatale au Congo, mais aussi d’estimer les prévalences des hémoglobinopathies dans chaque département. A ce jour, il s’agit de la première étude réalisée dans ce pays sur cette maladie génétique.

Les départements de la Cuvette, du Pool et du Niari ont enregistré, selon le Dr Simo Loukdom Josué, des prévalences supérieures au niveau national. Par contre, les départements de la Likouala, de la Sangha et du Kouilou ont eu des taux relativement faibles.

« L’étude descriptive transversale faite sur la période allant de novembre 2019 jusqu’en avril 2020 a concerné tous les nouveau-nés de plus de seize jours. Tous les nouveau-nés ayant des antécédents de transfusion et ceux qui étaient en soins intensifs avaient été exclus », a-t-il expliqué.

Les études relèvent que la prévalence du trait drépanocytaire reste stationnaire au Congo, mais la forme sévère est en nette augmentation. Cependant, la disponibilité au CNRDR du dispositif des diagnostics néonataux constitue selon ce dernier « un atout majeur pour la mise en place du dépistage néonatal systématique ». Par ailleurs, l’existence des formes des variantes inconnues qu’il a rencontrées pendant ses recherches impose plus d'efforts.

« Cette étude a été menée dans l’objectif de déterminer la prévalence des hémoglobinopathies, mais aussi, d’actualiser les données sur la drépanocytose au Congo », a-t-il indiqué, précisant que le dépistage en période néonatale est un enjeu majeur de santé publique parce qu’il permet de mettre en œuvre des mesures pouvant limiter les complications.

Après la présentation des travaux, les membres du jury ont pris tour à tour la parole. Le jury était composé de Léon Tchilolo, médecin pédiatre et hématologiste au Centre hospitalier Monkolé de Kinshasa ; Awa Oumar Touré, biologiste, titulaire en hématologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ; et Sawadogo Duni, professeur titulaire d’hématologie biologique à l’université Félix Houphouët Bouany de Côte d’Ivoire.

La soutenance s’est déroulée en présence de deux membres du gouvernement, en l’occurrence la ministre en charge de la Santé Jacqueline Lydia Mikolo et celui chargé de la Recherche scientifique Martin Parfait Aimé Coussoud Mavoungou.

Dans son intervention, la directrice de mémoire de l’impétrant, le Pr Lydie Ngolet a fait savoir que les hémoglobinopathies constituent en Afrique subsaharienne en général, et au Congo en particulier, un problème de santé publique pour lequel aucune donnée nationale n’existe ou n’a été réalisée à ce jour. Toutefois, a-t-elle ajouté, « la création du CNRDR Antoinette Sassou N’Guesso a permis de centraliser les données et d’évaluer, à travers ce mémoire, l’ampleur du problème, afin de mettre en place des stratégies préventives ciblées et adaptées. »

« Nous félicitons la première dame du Congo pour ce centre qui prend en charge des drépanocytaires, quelle que soit leur origine, leur niveau social et économique. Dans ce centre, nous avons constaté la rigueur scientifique avec des professionnels de la santé bien formés, avec la délicatesse de la prise en charge de cette pathologie », a déclaré Sawadogo Duni, Pr titulaire d’hématologie biologique à l’université Félix Houphouët Bouany de Côte d’Ivoire.

Le président du Jury, le Pr Alexis Elira Dokékias a annoncé que quatre autres candidats présenteront leur mémoire entre les mois de juin et de décembre 2021, conformément à leur durée d’études. « Au cours de l’année académique 2021-2022, nous souhaitons ouvrir le diplôme universitaire tous les deux ans, pour une durée de douze mois, de façon modulaire », a-t-il précisé. A cela s’ajoute un certificat universitaire destiné aux paramédicaux avec une durée de neuf mois. Il concerne les licenciés en soins infirmiers, les sages-femmes, les assistants sanitaires et les techniciens de laboratoire, et sera organisé conjointement par l’université Marien Ngouabi et le centre hospitalier de Monkolé de Kinshasa. 

« C’est une approche sous régionale pour assurer le brassage des activités entre les pays d’Afrique centrale, en vue de pérenniser la lutte contre la drépanocytose », a assuré Alexis Elira Dokékias.

Yvette Reine Nzaba
Légendes et crédits photo : 
Le Dr Simo Loukdom Josué présentant ses travaux
Notification: 
Non