Afrique centrale : lancement d'une évaluation des facteurs de déforestation

Jeudi, Décembre 10, 2020 - 12:15

L'Initiative pour les forêts d'Afrique centrale (CAFI) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ont lancé récemment un projet visant à développer une méthodologie normalisée, pour évaluer les moteurs de déforestation et de dégradation des forêts dans les six pays d'Afrique centrale.

D’après les experts, la déforestation et la dégradation des forêts sont des processus transfrontaliers complexes avec de nombreuses causes directes et sous-jacentes. Une bonne compréhension de la cause et localisation des perturbations forestières est essentielle pour l'élaboration des politiques et d'actions ciblées visant à réduire la perte de forêts et les émissions de carbone associées.

Cependant, le manque de données à jour reflétant les tendances récentes de la perte de couvert arboré et les lacunes des capacités techniques de gestion et de traitement des images satellites, rendent difficile la recherche d'un consensus sur les principaux facteurs et agents directs de la déforestation et la dégradation des forêts en Afrique centrale.

Le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, la RDC, la Guinée équatoriale et le Gabon seront soutenus dans l'utilisation d'outils de Cloud computing et Open source de pointe pour cartographier les perturbations, puis quantifier les facteurs directs et historiques de la déforestation et des forêts dégradées dans la région.

Notons que le projet sera mis en œuvre en étroite collaboration avec les institutions forestières nationales et régionales et bénéficiera de l'expertise technique d'un large éventail de partenaires, tels que le Collège scientifique et universitaire du Partenariat forestier du bassin du Congo, le Centre commun de recherche de la Commission européenne, l'Observatoire des forêts d'Afrique centrale de la Comifac etc.

« Le projet s'appuiera sur une approche collaborative, dans laquelle des experts nationaux, des instituts de recherche mondiaux et la société civile travailleront ensemble et uniront les ressources et les données pour fournir des preuves techniques et parvenir à un point de vue commun sur les facteurs directs des perturbations forestières », a déclaré Astrid Agostini, coordinatrice du Cluster Redd+/Suivin national des forêts.

Les universités et la société civile seront activement impliquées à toutes les étapes de la conception de l'évaluation et joueront un rôle important dans la conduite de l'analyse spatiale et historique des facteurs directs, en utilisant des données sur la couverture terrestre et les activités d'utilisation des terres telles que l'exploitation forestière commerciale, l'exploitation minière, l'agro-industrie, les infrastructures mais aussi les aires protégées ou la foresterie communautaire.

Le projet se concentrera sur le renforcement des capacités afin de produire une méthodologie solide et transparente pour surveiller la déforestation et la dégradation et de fournir une base commune pour soutenir la planification de l'utilisation des terres.

 Une approche transfrontalière de la conservation des forêts d’Afrique centrale

L'Afrique centrale abrite la deuxième plus grande forêt tropicale humide du monde et, bien que ses forêts soient physiquement situées sur les territoires de plusieurs États souverains, leur rôle environnemental s'étend bien au-delà de ces frontières. Couvrant 240 millions d'hectares de terres, les forêts d'Afrique centrale jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique au niveau mondial, car elles représentent un puits de carbone égal à 6 ans d'émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Cependant, les forêts centrafricaines subissent de plus en plus la pression de divers facteurs de déforestation. Parmi eux, figurent l'expansion agricole, l'extraction minière, le développement des infrastructures, l'exploitation forestière commerciale ainsi que la production de charbon de bois et de biocarburants. Une meilleure compréhension de ces facteurs au niveau régional peut aider les pays à consolider leurs efforts pour réduire et inverser la perte de forêts.

L'initiative Cafi est une collaboration conjointe entre le Pnud, la FAO, la Banque mondiale, six pays d'Afrique centrale et une coalition de donateurs, dont l'Allemagne, la Norvège, la France, la Corée et le Royaume-Uni, qui vise à soutenir les gouvernements de la région dans la mise en œuvre des réformes, renforcer les investissements pour relever des défis tels que la pauvreté, l'insécurité alimentaire et le changement climatique. Le projet utilisera une approche basée sur les données pour informer les priorités du Cafi et développer des cadres d'investissement pour soutenir l'utilisation durable et la conservation des ressources forestières.

Accès illimité à des données forestières de haute qualité

Ces dernières années, une multitude de données publiques et d'images satellitaires sont devenues accessibles, avec l'augmentation exponentielle du nombre d'outils en ligne et d'applications mobiles disponibles pour le traitement. Cet afflux de données et d’outils ont eu un impact positif significatif sur la façon, dont les changements de couverture terrestre sont suivis.

Ce projet bénéficiera directement de l'acquisition réalisée par l'Initiative internationale sur le climat et les forêts de la Norvège (Nicefi) pour fournir un accès universel à la surveillance par satellite à haute résolution des tropiques.

Pour renforcer les capacités régionales de production et d'analyse de ces données révolutionnaires, le projet aidera les pays à appliquer des outils logiciels et une expertise de pointe, développés par la FAO, ces dernières années. Au centre de cet effort se trouvera la plate-forme Sepal- Système d’accès, de traitement et d’analyse des données d’observation de la terre pour la surveillance des terres - permettant aux pays d'accéder aux données satellitaires et de les manipuler pour faire progresser la surveillance des forêts.

 

Lopelle Mboussa Gassia
Légendes et crédits photo : 
La forêt du bassin du Congo
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