Diplomatie : le Maroc renoue avec Israël

Samedi, Décembre 12, 2020 - 11:30

Le président américain Donald Trump a annoncé, le 10 décembre, que le Maroc s'était engagé à normaliser ses relations diplomatiques avec Israël, comme l'avaient déjà fait récemment trois autres pays arabes et que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

L’information a été confirmée par le roi Mohammed VI, déclarant la reconnaissance d’une souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par Washington comme « une prise de position historique ».

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a salué l’accord de normalisation « historique » avec le Maroc et évoqué la mise en place, sous peu, de « vols directs » entre les deux pays. Il a aussi « remercié » le roi du Maroc pour cette « relation chaleureuse » entre les deux pays. Lors d'un entretien téléphonique avec le président américain, Mohammed VI a indiqué que son pays allait "reprendre les contacts officiels et les relations diplomatiques dans les meilleurs délais" avec l'Etat hébreu.

Le roi du Maroc a « transmis ses sincères remerciements au président américain » pour sa position sur le Sahara occidental, une ex-colonie espagnole que se disputent, depuis plusieurs décennies, Rabat et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie.

Il a salué une « position constructive des Etats-Unis » qui « vient renforcer la dynamique de la consécration de la marocanité du Sahara confirmée par les positions de soutien par un ensemble de pays amis, ainsi que par les décisions de nombreux pays d’ouvrir des consulats ».

Reprise des relations

Sur la reprise des relations avec Israël, selon un communiqué du Palais royal, le roi du Maroc a dit vouloir « accorder les autorisations de vols directs pour le transport des membres de la communauté juive marocaine et des touristes israéliens en provenance et à destination du Maroc ».

Mohammed VI a, par ailleurs, assuré que "ces mesures n'affectaient en aucune manière l'engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste".

Le Maroc « soutient une solution fondée sur deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité », réaffirme le communiqué du Palais royal. « Les négociations restent le seul moyen de parvenir à un règlement définitif, durable et global de ce conflit », ajoute la même source, selon laquelle le souverain marocain s'est aussi entretenu avec le président palestinien, Mahmoud Abbas.

Le Maroc et Israël avaient déjà disposé, dans les années 1990, de bureaux de liaison, à Rabat et Tel-Aviv, jusqu'à leur fermeture au début des années 2000.

Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient accepté, ces derniers mois, de normaliser leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords dits d'Abraham, menés par la Maison Blanche représentée par Jared Knusher, gendre et conseiller de Donald Trump. Le Soudan avait également donné son accord de principe pour en faire de même, et selon Jared Kushner, la reconnaissance d'Israel par l'Arabie Saoudite est "inéluctable".

La question de la normalisation des relations entre Rabat et Israël avait été relancée en février dernier à l'occasion d'une visite officielle au Maroc du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.

Souveraineté sur le Sahara occidental

Donald Trump a également annoncé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental« Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777. Il est donc approprié que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental », a-t-il indiqué.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, « a une position inchangée » sur le Sahara occidental, après la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ce territoire, a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric. Le patron de l’ONU « pense que la solution à cette question peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité », a ajouté le porte-parole, lors de son point de presse quotidien.

Le Maroc qui contrôle les trois quarts de ce territoire désertique de deux cent soixante six mille kilomètres carrés propose une autonomie sous sa souveraineté. De son côté, le front Polisario réclame un référendum d'autodétermination, prévu par un accord de 1991.

Le Front Polisario condamne la position américaine

Le Front Polisario n’a pas apprécié du tout cette décision américaine, comme l'explique Oubi Bouchraya Bachir, représentant du mouvement pour l’Europe et l’Union européenne. Najem Sidi est le président du comité français de soutien au peuple du Sahara occidental, qui soutient le combat du Front Polisario. Il en appelle, lui aussi, à « l'autodétermination des Sahraouis » et « au respect de la légalité internationale ».

Le Front Polisario réclame toujours un référendum d'autodétermination prévu par un cessez-le-feu signé sous l'égide de l’ONU en 1991. L'opération des Nations unies dans ce dossier s’appelle d’ailleurs la Minurso, (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental).

 

 

Conflit au Sahara occidental

Le conflit au Sahara occidental est un conflit militaire qui a débuté en 1957 alors que la zone est sous contrôle espagnol. Le conflit oppose au départ le Maroc contre l'Espagne. À partir des années 1970, il oppose les indépendantistes du Front Polisario et l'Espagne. Une guerre s'est déclenchée en 1975 à la suite du retrait de l'Espagne entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario. Un cessez le feu est signé le 6 septembre 1991 mais des conflits mineurs ont toujours lieu entre le Maroc et la République arabe Sahraouie démocratique proclamée par le Front Polisario qui se disputent le territoire.

Yvette Reine Nzaba
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