L'accord monétaire qui a été conclu, il y a un an, avec les pays de l' Uémoa, a été ratifié par le Parlement français le 10 décembre. L'Eco, symbole d'une souveraineté monétaire d'Afrique de l'ouest, remplace le franc CFA.
Le préambule de l’accord ratifié par le Parlement français prévoit le changement de dénomination du franc CFA. A brève échéance, de nouveaux billets de banque en Eco seront émis. Le franc CFA était fabriqué par la Banque de France.
Histoire du franc CFA
Le franc CFA est la dénomination de la monnaie commune de 14 pays africains membres de la zone franc. Il s'agit du Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, qui constituent l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), dont l’Institut d’émission est la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'ouest (BCEAO) ; et du Cameroun, la RCA, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, qui constituent la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), dont l’Institut d’émission est la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).[1]
Cette monnaie est née le 26 décembre 1945, jour où la France a ratifié les accords de Bretton Woods et a procédé à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international. Il signifie alors "franc des Colonies fançaises d’Afrique". Il prendra par la suite la dénomination de "franc de la Communauté financière africaine" pour les Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa), et "franc de la Coopération financière en Afrique centrale" pour les pays membres de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac).
Le passage du franc CFA à l'Eco en Afrique de l'Ouest
Le franc CFA est donc un nom et héritage de la colonisation française. Un accord monétaire a été signé, le 21 décembre 2019, entre la République française et les 8 pays de l'Uémoa. Il acte la fin du franc CFA. Les nouveautés nées de cet accord sont :
- La France ne siégera plus au conseil de la BCEAO. Jusqu'ici, elle était représentée par le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque de France. Ils participaient aux deux réunions annuelles, dont l'une se déroulait impérativement à Paris.
- Les pays de l'Uémoa, qui ont adopté l'Eco, ne déposeront plus la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français. Ce qui était une obligation. Celle-ci était perçue par les détracteurs du franc CFA comme une dépendance vis-à-vis de la France.
Par contre, Paris va continuer à jouer son rôle de garant pour la nouvelle monnaie, l'Eco, en maintenant une parité fixe avec l'euro (1 euro = 655,96 francs CFA) [2], y compris en cas de dépréciation de la devise européenne. Ce dernier point releverait d' « une demande des États africains eux-mêmes, garantir la convertibilité de la monnaie permet lorsqu’il y a des situations instables dans beaucoup de pays de continuer à soutenir d’une certaine façon l’économie", a indiqué le député rapporteur du projet de ratification, Jean-François Mbaye.
Pour ce dernier, c 'est « une responsabilité financière énorme que la France va endosser, sachant que les réserves ne seront plus sur le compte d’opérations du Trésor public français."
Les difficultés à faire de l'Eco une monnaie de la CEDEAO
Pour faire de l'Eco, une monnaie commune des 15 pays de la Communauté (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée - Bissau, Mali (suspendu), Niger, Sénégal, Togo, Nigeria, Sierra, Ghana, Liberia), il faudrait créer une banque centrale, arrêter un régime de change, adapter les systèmes informatiques et les administrations -Il a fallu une quinzaine d'années à l'Europe. Pour l'heure, les conditions ne semblent pas remplies pour la création d'une zone monétaire unique.
En cause, la chute de la croissance en Afrique de l'ouest liée à la crise du coronavirus. Ce qui rend difficile le respect des critères de convergence, concernant l’inflation, la dette et les déficits publics.
A cela s'ajoute un manque de volonté politique, d'aller vers une monnaie unique à 15 pays, compte tenu des difficultés économiques de la région, mais aussi d'une culture monétaire différente et d'un héritage colonial différent. Il s'agit-là des pays d'obédience anglophone (Nigeria, Ghana, Sierra Léone, Liberia).
En septembre 2020, lors du sommet de la CEDEAO à Niamey, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a exhorté ses homologues à élaborer une nouvelle feuille de route tout en maintenant une approche graduelle pour le lancement de la monnaie commune.
Encadré [1] Convertibilité
. garantie en franc français par le Trésor Français
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possible en devises, à travers le marché des changes de Paris, avec le franc français comme étalon
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liberté totale des transferts au sein de la Zone franc
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2 août 1993 : suspension par la BCEAO du rachat des billets de son émission exportés hors du territoire des pays africains membres de la Zone franc
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17 septembre 1993 : entrée en vigueur de la décision des autorités de suspendre le rachat des billets de leur émission exportés en Zone UMOA
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20 décembre 1993 : suspension par la BCEAO du rachat des billets de son émission détenus en Zone UMAC
Encadré [2] Parité FCFA
Création du FCFA |
26 décembre 1945 |
1 FCFA = 1,70 FF |
Dévaluation du franc Francais (FF) |
17 octobre 1948 |
1 FCFA = 2,00 FF |
Instauration du nouveau Franc Français |
1er janvier 1960 |
1 FCFA = 0,02 FF |
Dévaluation du FCFA |
12 janvier 1994 |
1 FCFA = 0,01 FF |
Arrimage du FCFA à l’euro |
1er janvier 1999 |
655,957 FCFA = 1 euro
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