Covid-19, masculin et féminin à la fois…

Samedi, Décembre 19, 2020 - 11:00

Faut-il dire "le" ou "la Covid-19" ? Le mot de l'année, un nom mutant de maladie adoubé par des fonctionnaires internationaux, n'arrive pas à se décider en français entre masculin et féminin. Explications.

Le terme qui désigne l'affection provoquée par le virus SARS-CoV-2 est né le 11 février 2020, dans un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé qui écrit tout de suite la COVID-19 au féminin et en majuscule. La maladie avait été découverte depuis plus d'un mois, à Wuhan (Chine), sans avoir d'appellation officielle partagée par tous.

Covid vient de l'anglais "COronaVIrus Disease" (maladie à coronavirus), le "19" précisant que la maladie est apparue en 2019. C'est donc un acronyme étranger, conçu pour servir dans le plus de langues possible. Sa typographie fluctue, entre "COVID" et "Covid". Son genre aussi va vite devenir incertain. Comme la grande majorité des mots importés qui ne sont pas clairement masculins ou féminins (bermuda, camping, goulag, karma, sauna, sushi, etc.), il est d'abord masculin dans le langage courant. En France du moins. Cependant, le 6 mars, l'Office québécois de la langue française tranche en faveur du féminin. Tout comme le gouvernement fédéral canadien ensuite. Le 'D' de 'COVID' désignant le mot de base 'disease' ('maladie' en français), l'Académie française recommande finalement de dire la covid 19. Dans les autres pays francophones,  on observe un flottement. La majorité des gouvernements en Afrique, dont la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou les deux Congo, disent "le Covid". Mais celui du Mali "la Covid". Sur le site internet du gouvernement en Tunisie, les deux cohabitent. En Europe francophone, l'usage « du » Covid s'est imposé. Chez les institutions confédérales comme cantonales suisses, le masculin prime encore aujourd'hui. Finalement, le Canada se distingue comme le seul pays où le féminin domine quasi exclusivement.
Alors quel genre : masculin ou féminin ? Pour les linguistes, le débat n’est pas tranché et l’usage faisant la loi, une formule finira par l’emporter sur l’autre. A l’oral beaucoup disent le Covid, il est probable que dans beaucoup de pays francophones le genre masculin l’emportera. D’autant plus considère le linguiste Yannick Chevalier que le Covid est arrivé avec un genre masculin. « Le mot renvoie à une expérience traumatique, et quand un mot est chargé d'investissements affectifs aussi forts, on peut difficilement le changer".

 

Julia Ndeko avec AFP
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