Interview. Claudy Siar : « J’aime à la fois sa musique, sa voix et sa personnalité »

Lundi, Décembre 21, 2020 - 17:07

Le célèbre animateur de RFI s’est entretenu avec Le Courrier de Kinshasa, la nuit du 17 décembre, à l’Institut français, Halle de la Gombe. À la suite de l’animation du concert de la lauréate du Prix Découvertes RFI 2019, Céline Banza, il a donné ses impressions personnelles sur la jeune chanteuse et la semaine passée dans la capitale en marge de ce show.

 

Interview de Claudy Siar à la suite du show de Céline Banza (DR)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Pourriez-vous nous éclairer sur votre séjour à Kinshasa  ?

Claudy Siar  : Je suis venu pour le Prix Découvertes RFI, pour notre Céline Banza qui n’a pas eu la chance d’avoir son concert à Paris à cause de la pandémie, le confinement, le couvre-feu, etc. Alors nous avons pensé venir à Kinshasa, faire son concert ici avec l’un de nos partenaires, l’Institut français. Et puis, nous en avons profité pour rencontrer celles et ceux qui font l’actualité musicale en RDC, à Kinshasa plus particulièrement. Nous avons enregistré plusieurs émissions en public et d’autres en intimité. Nous avons aussi permis aux jeunes, lors d’une session Génération consciente, de s’exprimer sur la réalité de la RDC et de la vision qu’ils ont du monde dans lequel nous vivons. 

L.C.K. : Comment percevez-vous l’influence du contexte sanitaire actuel sur l’univers de la culture, notamment celui de Kinshasa qui vous est familier ?

C.S. : Je trouve que l’on utilise souvent les artistes pour leur notoriété, pas uniquement au Congo, même en France nous avons la même problématique, mais lorsqu’il s’agit de venir en aide au monde de la culture qui incarne l’identité d’un pays, l’exécutif, les gouvernants ne font pas ce qu’ils devraient, ou du moins ce qu’ils pourraient faire. Moi je le vis très mal. Ainsi, régulièrement lorsque je prends la parole je souligne que j’ai 3 000 chansons dans mon téléphone et je les ai toutes achetées. Cela traduit le respect que j’ai pour les artistes, celles et ceux qui font de la musique, écrivent des chansons, composent des mélodies. Je pense que l’on devrait être à ce diapason-là. Puis, il faut surtout des vrais politiques de crise pour les acteurs de la culture, ceux qui sont sur scène et ceux qui sont derrière, ceux qui font en sorte que nos identités perdurent à travers le canal de la culture.

L.C.K. : Quels sont vos impressions personnelles sur Céline Banza depuis que vous l’avez découverte jusqu’à sa scène ce soir à Kinshasa  ?

C.S. : J’ai connu Céline à The Voice où nous avons passé des moments extraordinaires. J’étais étonné qu’un seul coach se retourne, et à la dernière minute, parce qu’elle avait une voix, un truc particulier. Et, aujourd’hui tout se mesure. Tout cela pour relativiser aussi certains concours de téléréalité. Pour moi, ils sont importants parce que ce sont de véritables shows où les artistes se révèlent mais parfois, lorsqu’on n’a pas gagné, il faut savoir relativiser. Et, c’est ce qu’est arrivé à faire Céline. Je l’aime beaucoup parce que j’aime son histoire. J’aime le fait que ce soit une jeune fille qui affirme sa personnalité dans un monde d’hommes, dit ce qu’elle veut et ne s’en laisse pas conter par les hommes. J’aime à la fois sa musique, sa voix et sa personnalité. Pour moi, un artiste c’est tout cela. Car un artiste qui aurait une belle voix, de belles chansons mais incapable d’affirmer sa personnalité manquerait quelque chose. Et comme je le lui dis régulièrement : « Céline si tu ne te perds pas en chemin, le monde sera ta maison ». Claudy Siar et Céline Banza brandissant le Prix Découvertes RFI (Adiac)

L.C.K. : Comment appréciez-vous l’album à venir de Céline Banza ?

C.S.   : Je suis un amoureux des mélodies, je les aime. Je suis touché par les artistes capables aujourd’hui de composer des mélodies qui touchent nos cœurs, dont les textes relatent le quotidien des gens, ne sont pas juste superficiels et légers. J’aime les mélodies et Céline n’en a que de belles. Et en cela, je comprends qu’elle soit très amie avec Lokwa Kanza qui est le maître de la mélodie.

L.C.K. : Qu’est-ce que le waouh vous aura laissé ?  Qu’est-ce que vous aurez regretté lors de ce nouveau séjour à Kinshasa ?

C.S.   : Le waouh, c’est enfin je suis là ! On ne me refuse plus le visa même si j’ai été retenu une demi-heure à l’aéroport. Je pense qu’il devait encore avoir des mentions un tout petit peu spéciales dans l’ordinateur sur Claudy Siar qui ne devrait pas entrer dans le pays… Mais cela s’est bien passé, les gens étaient agréables avec moi-même si j’étais en isolement dans une pièce, cela s’est très bien passé. Le mais quand même, je l’ai ressenti dans les jeunes. Ils ont foi dans l’avenir, sont persuadés que les choses peuvent changer alors que d’autres sont perplexes. J’ai envie de leur dire : « Il faut juste entendre ce que les responsables politiques disent et regarder ce qu’ils font. Il ne faut pas chercher à savoir ce qu’ils pensent parce que souvent le responsable politique ne s’appartient plus, il appartient à son peuple s’il est vraiment en osmose avec son peuple ». Alors on attend, on verra bien, on verra.

Propos recueillis par

Nioni Masela
Légendes et crédits photo : 
Photo 1 : Claudy Siar interviewé à la suite du show de Céline Banza (DR) Photo 2 : Claudy Siar et Céline Banza brandissant le Prix Découvertes RFI (Adiac)
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