Vétéran athlète congolais évoluant désormais en France, Me Romuald Demioko dit Sensei Romu touche un peu à tout. Il pratique un art martial mélangeant le judo, le karaté, la self-défense, le taekwondo et le Kung-fu. Lors de cette interview exclusive, Cet instructeur et coach à la fédération française de karaté et disciplines associées (FFKDA) a proposé quelques pistes de solution à la crise qui mine le judo congolais.
Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Quelle analyse faites-vous de la crise qui mine le judo congolais
Romuald Demioko (R.D) : La crise qui mine le judo congolais aujourd'hui était une affaire simple au départ. La Fédération congolaise de judo et disciplines associées (FECOJUDA) est une association sportive régie par la loi 1901. Et comme dans toutes les associations 1901, il existe la règle de la convocation d'une assemblée générale extraordinaire si elle est exigée par les 2/3 tiers de votants ou de clubs votants pour démettre le président ou le bureau exécutif.
Le point de départ de la crise du judo est le non-respect de cette disposition par le président sortant qui a été désavoué par la majorité des clubs l'ayant amené à la tête de la Fecojuda. Les garants de bon fonctionnement du sport congolais (le ministère des sports et le comité olympique) ont failli dès le départ dans leur mission de sentinelles dans cette crise du judo.
Il n'est donc pas étonnant de voir le ministère se tourner, à mon grand regret, vers les institutions internationales (FIJ et UAJ) pour une crise purement congolaise pourtant simple pour laquelle il suffisait d'appliquer les textes en vigueur du ministère et ceux approuvés par le comité olympique. Ce qui nous est toujours possible de faire à ce jour.
LDB : Certains athlètes craignent une sanction de la Fédération internationale de judo(FIJ) si le Congo organise son assemblée générale élective sans son accord.
R.D : C'est mal comprendre les choses que de penser à une quelconque sanction de la FIJ pour l'organisation d'une assemblée de fédération en crise par son ministère. Le Comité de normalisation n'est pas une institution de la FIJ. Il a été mis en place sur instruction du ministre qui en est donc le véritable patron. De plus, lorsqu'on regarde la composition du Comité de normalisation, la FIJ n'y figure pas. Vous comprenez par-là que cette affaire de sanction hypothétique de la FIJ n'est qu'une simple illusion des esprits peu éclairés.
L'UAJ (Union Africaine de Judo), par son représentant, a été invitée pour accompagner les acteurs congolais dans la résolution de la crise. Mais on constate, aujourd'hui que le représentant de l'UAJ devient celui qui met de l'huile au feu. Donc au lieu d'un sapeur pompier pour éteindre le feu qui sévit au sein du judo congolais, le ministère par son invitation de l'UAJ, à fait rentrer un pyromane qui ne respecte ni ses collègues du Comité de normalisation ni les textes ministériels en vigueur. Il devient à lui seul le Comité de normalisation pour décider seul contre l'avis des acteurs locaux.
La proposition du représentant de L'UAJ ne tient pas compte de la circulaire ministérielle 0455 définissant le corps électoral des assemblées générales électives (AGE) au Congo. Ce n'est qu'un exemple du désordre ramené par ce représentant de L'UAJ. Cela souligne la légèreté avec laquelle le ministère gère les affaires des assemblées. Les nombreux reports et l'invalidation de certaines AGE par la CCAS vont dans le sens de la consolidation de cette légèreté constatée.
LDB : Qu’est ce qui reste à faire, selon vous ?
R.D :Le ministère doit reprendre son pouvoir pour convoquer et organiser les assemblées encore non tenues à ce jour.Tout comme il avait signé la note qui mettait en place le Comité de normalisation, il peut prendre une autre mettant fin à l'existence de ce comité qui ne produit pas le résultat escompté. Pire, on s'éloigne chaque jour de l'espoir de voir renaître sous peu le judo congolais. Le ministre peut évoquer l'absence de résultats probants après plusieurs mois d'existence de ce comité, les dysfonctionnements de ce comité dont les conclusions ne sont pas collégiales, le non-respect des textes ministériels, le fait que ce comité soit sorti des missions confiées par le ministre, le soupçon de partialité du président de ce comité (représentant de l'UAJ) qui donne pouvoir à un simple membre pour convoquer l'AGE alors qu'il y a un vice-président...
LDB : En tant que sportif congolais de la diaspora, quel sera votre apport dès la mise en place de la Fédération ?
R.D : Il est vrai qu'en ma qualité de pionnier des arts martiaux, je suis judoka dans l'âme. Ma contribution s'orienterait dans le sens de ce que je fais déjà auprès d'autres fédérations et associations, à savoir des conseils techniques et organisationnels dans un souci de développement du sport au Congo mais aussi un apport matériel pour l'organisation des compétitions.
Pour ma part, la balle est dans le camp du ministre. Lui seul peut remettre ce train qui déraille. Le Congo d'abord.