Entreprise : une bouffée d’oxygène controversée pour la Miba

Jeudi, Janvier 28, 2021 - 15:56

La géante des mines va bénéficier d’un investissement de la présidence de la République de l’ordre de cinq millions de dollars américains. Au regard des suspicions de mauvaise gestion, de détournements de fonds et autres vols de diamants qui n’ont connu à ce jour aucune suite judiciaire, la décision d’y investir dans son état actuel suscite naturellement de nombreuses réactions.

Les discours controversés surviennent à la suite de la décision du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, d’investir 5 millions de dollars américains dans la relance de la Miba. Il s’agirait même d’une priorité pour le chef de l’État, deux ans après son investiture, de donner une bouffée d’air frais à cet ancien fleuron de l’industrie minière rd-congolaise tombée en faillite depuis plusieurs décennies. Officiellement, il est question de décaisser globalement 40 millions de dollars américains qui devraient passer par une banque de la place, la FBN Bank. Ce montant représente environ 80 % des créances de la Miba qui seraient ainsi pris en charge par l’État.

Réactions

Les discours divergent après l’annonce de la cagnotte présidentielle pour sauver une entreprise moribonde. Pour les uns, aucun investissement ne peut être accordé à la Société minière de Bakwanga (Miba) sans un audit sérieux de la gestion passée ayant conduit au ralentissement des activités de cette entreprise. Les discours les plus durs vont plus loin en proposant au chef de l’État d’assainir carrément la Miba et de porter à sa tête des managers sans tâches.

Pour sa part, la société civile kasaïenne a tenu à exprimer toute sa désapprobation. Nicolas Mbiya, un membre du mouvement « Lutte pour le changement, Lucha en sigle, à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï oriental, estime qu’il est illusoire de limiter la relance de la Miba au seul préalable de l’argent. Cet activiste préconise un vrai diagnostic préalable pour bien cerner l’ampleur des maux qui rongent l’entreprise. « D’abord il faut un diagnostic humain. Les dirigeants de la Miba sont cités dans des rapports comme des personnes responsables de sérieux dysfonctionnements au niveau du management, de l’exploitation et des finances de l’entreprise ». Selon Mbiya, un changement de l’équipe dirigeante s’impose à ce stade avant d’envisager toute relance. Par ailleurs, il se dit favorable à un audit très sérieux de la Miba par un organisme indépendant. Le principal objectif serait d’apporter toute la clarté aux soupçons de détournements d’argent et de corruption.

Dans la foulée des réactions, d’autres voix convergent dans le sens de Nicolas Mbiya. En effet, la plus grande crainte est le statu quo au moment où une Miba restructurée et en pleine forme financière est une garantie de reprise économique de la province du Kasaï. Atteindre un tel objectif va exiger la mise en œuvre des sanctions exemplaires à l’endroit des détourneurs d’argent. « Nous devons mettre de côté tous les acteurs qui ont participé à des malversations ou au vol de diamants, et les déférer devant des instances judiciaires afin qu’ils puissent y avoir des jugements et des condamnations », soutient Claude Mianzuila, ancien consultant de la Miba. Des décisions importantes devraient être prises dans les jours qui viennent.

Laurent Essolomwa
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