Industrie touristique : chute de 70% d'arrivées de touristes en Afrique

Lundi, Février 1, 2021 - 11:00

Le continent africain était jusqu'ici la seconde région touristique à la croissance rapide au monde. Les voyages et le tourisme sont restés l'un des principaux moteurs de sa croissance économique. Des restrictions sur les déplacements introduites en réponse à la pandémie de Covid-19 ont frappé durement le tourisme.

Les dernières données de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) font état d’une baisse de 70% des arrivées de touristes internationaux. Ce qui équivaut à 1 000 milliards d' euros de pertes globales, selon le dernier rapport de cette Organisation. Toutes les régions du monde ont été touchées par une forte baisse des arrivées de touristes en 2020 : L’Asie et le Pacifique (- 79%), suivie de l’Afrique et du Moyen-Orient (- 69% pour les deux régions), de l’Europe (-68 %) et des Amériques (-65 %). « Cette baisse sans précédent a des conséquences sociale et économique dramatiques et met en danger des millions d’emplois et d’innombrables entreprises », a averti le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili.

En cause, des restrictions de voyages, une baisse de la demande et la lenteur de la disparition du virus, ainsi qu'un manque de confiance des voyageurs en raison de l’incertitude persistante concernant la pandémie et du manque de confiance. L’OMT s’attend à un rebond du tourisme international au troisième trimestre en 2021. Mais un rebond qui ne pourrait avoir lieu qu’en 2022; tout comme la lenteur de la disparition du virus.

Le tourisme, victime des restrictions de voyages

L’Afrique a perdu 70% d’arrivées en 2020. Les risques sont importants pour certains États. Selon les chiffres nationaux des principales destinations africaines, la chute va de -78 % au Maroc à -91% en Égypte et -90 % en Afrique du Sud en 2020. En égypte, le secteur des voyages et du tourisme a représenté 11,9% du PIB, ,soit 13 milliards de dollars de recettes en 2019, généré 2,48 millions d'emplois, pour 13 millions de touristes. Le royaume chérifien, seconde destination d’Afrique avec 12,9 millions de visiteurs en 2019, a perdu en 2020 l’un des réacteurs de son économie.

Le tourisme est le premier pourvoyeur d'emplois du Maroc. Quant à l'Afrique du Sud, elle n'a pas atteint les 10,23 millions de visiteurs enregistrés en 2019. Le secteur touristique représente 2,9% du PIB de manière directe et 8,6% de manière indirecte. Les frontières ont rouvert, le 1er octobre 2020, mais l’apparition d’une variante sud-africaine de Covid-19 a découragé les étrangers. A cause de la pandémie, le chômage est passé de 23,3 % à 30,8 % d’actifs en quête d’emplois.

Le tourisme prend une place prépondérante dans les exportations de certains pays d'Afrique subsaharienne et des petits États insulaires en développement. Les revenus du tourisme international représentent, par exemple, 67% des exportations totales du Cap-Vert, à peine moins pour São Tomé-et-Principe. Il dépasse les 30% des exportations d'Haïti et de l'île Maurice. Le secteur est donc, pour ces pays, un pourvoyeur de devises. Au-delà de cela, le tourisme peut constituer un levier de développement des infrastructures.

Tourisme, patrimoine et nature

Les conséquences de la chute du tourisme vont au-delà des pertes économiques avec un impact sur le patrimoine ou parfois sur la nature. L'Organisation des Nations unies(ONU) a estimé que les projets liés aux voyages figurent parmi les principales victimes de la chute des investissements directs étrangers, cette année. En Egypte, la chute du tourisme, pilier central de l'économie, met en danger le patrimoine du pays, qui craint pour la préservation de ces joyaux architecturaux.

L'épidémie de Covid-19 a aussi un impact sur le tourisme animalier. L'Union internationale pour la conservation de la nature souligne l'aspect positif d'une moindre pression des visites sur l'écosystème. Mais la contrepartie n'est qu'une baisse des revenus touristiques, alliée aux mesures sanitaires, a fait baisser la surveillance et augmenter les risques de braconnage. C'est donc une année de désolation.

Et pour faciliter la reprise, les compagnies aériennes réclament une généralisation des tests. L'Association des compagnies aériennes développe, d'ailleurs, une application pour un passeport santé numérique. La relance pourrait être une opportunité. L'ONU voit dans cette crise l'occasion de repenser le tourisme. Vers une plus grande compatibilité avec les Objectifs de développement durable. Actuellement, le transport touristique représente environ 5% des émissions de gaz-à-effet de serre sur la planète.

Noël Ndong
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