L’exposition de la jeune plasticienne congolaise, Sardoine Mia, met en lumière au sens propre et figuré plusieurs thématiques afin d’emmener la société à une prise de conscience sur ce qui est essentiel.
C’est d’un éclat gris argenté, doré, cuivre, bleu, rose et noir, que rayonne la vingtaine de toiles que Sardoine Mia a fixé au centre d’art contemporain, les ateliers Sahm, dans le cadre de son exposition intitulée « Elle se branche où la prise de conscience ? ». Ce thème révèle d’emblée le principal sujet mis en exergue : l’Homme dans la société.
Face à la mystérieuse et existentialiste question « Elle se branche où la prise de conscience ? », l'artiste plasticienne congolaise tente une approche de réponse plutôt observationnelle que moraliste dans cette vitrine, ode à la vie, qui décrit une recherche fournie et un suivi assidu et rigoureux. « Je n’essaie pas de faire la morale à qui que ce soit. J'exprime simplement mon ressenti », a-t-elle fait savoir.
Cette exposition résulte notamment de ses deux résidences à Aarau, en Suisse, et au centre d'art contemporain, les ateliers Sahm à Brazzaville, ainsi que de la période du confinement. Lors du vernissage, le public a pu découvrir des toiles de tous formats et une installation en palier de panneaux A4 transparents, alternant images et textes.
Sur la plupart des tableaux en bâches et papiers pavoisés, on y voit des figurines, tantôt humaines, tantôt animales, des plantes et des objets. Dans un langage réaliste, teinté d’imagination et minimalisé aux détails fins mais vifs, l’exposition se présente également en textures d'écorces d'arbres, de murs écaillés sur des tons de palettes de couleurs froides, le tout sous une technique acrylique, bombe et collage de files. « Je préfère travailler avec des couleurs métaux, parce que j’aime bien le côté brut et la subtilité. C’est pourquoi, mes toiles laissent toujours paraître des fissures pour ne pas que les personnages et les messages véhiculés soient perceptibles au premier abord », nous confie l'artiste.
Pas flamboyant et transcendant, pourtant très narratif, le tableau a valeur de générique « Elle se branche où la prise de conscience ? » introduit, sans nul doute, la valeur de la lucidité. Autour de ce terme courant gravitent les intentions de Sardoine et sous ce même mot apparemment pacifique et moins énigmatique, sont réunis tous les maux qui font vent à la condition humaine dans le monde, tels que : la problématique du travail des enfants, les propos sexistes et obscènes à l'endroit des filles et femmes, l'écoresponsabilité des bien-pensants pour une nature moins massacrée, des conflits internes…
Comme l’a souligné Jemima Ignoumba dans sa critique, « la conscience dans sa double-compréhension renvoie à un simple reflet et à une puissance fondamentale qui s'identifie au "moi", au "nous", au monde et à la responsabilité, synonymes de la prise de conscience ». D’où le fait qu’il y a très peu d’autoportraits liés à la vie de l’auteure, car le but de ce travail vise avant tout à détacher son art de son histoire pour proposer une réflexion collective.
Tout en remerciant les ateliers Sahm qui, depuis plusieurs années, l’aident pour ses résidences à l’étranger, l’accompagnent dans la formation, l’orientent dans ses réalisations et la soutiennent dans le mécénat, Sardoine Mia invite tous les brazzavillois à visiter son exposition, ouverte au grand public jusqu’au 1er mars 2021.