Protection des journalistes : l'Union africaine lance une plateforme de suivi des attaques

Lundi, Février 1, 2021 - 14:59

La première plateforme numérique en ligne vise à améliorer la protection des journalistes, à lutter contre les menaces et la violence, ainsi qu'à favoriser les mécanismes d'alerte rapide et à renforcer la capacité de réaction sur le continent.

« Les médias ont un rôle crucial à jouer dans le mouvement historique et continental des Africains pour construire un continent de leurs rêves », a déclaré le président en exercice de l'UA, Cyril Ramaphosa, qui a co-présidé le lancement de cette plateforme, le 28 janvier, avec Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco, et Jamesina King, de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (UA-CADHP), rapporteure spéciale sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique.

 « Nous avons le devoir de défendre vigoureusement le droit des journalistes à faire leur travail de collecte, de publication et de diffusion de l'information, même si nous ne sommes pas d'accord avec tout ou partie de ce qui est dit ou écrit », a souligné le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboul qui s'est, pour sa part, félicité de l'initiative, ajoutant que son pays reste attaché à la liberté de la presse et à l'indépendance des médias. « C'est pourquoi nous avons relu tous les textes législatifs qui violent la liberté des médias. Pour renforcer nos démocraties, plus aucun journaliste ne devrait aller en prison pour un délit de presse, et aucun journaliste ne devrait voir sa vie menacée dans l'exercice de sa profession », a-t-il poursuivi.

La sécurité : une priorité

La plateforme sera en mesure de fournir une réponse en temps réel sur l'ensemble du continent, afin de mettre fin à l'impunité des attaques visant les journalistes africains - harcèlement, arrestations arbitraires, agressions et assassinats. Elle constituera un mécanisme de coopération qui assurera un suivi des attaques sur le continent et contribuera à la médiatisation de celles-ci ainsi qu'aux actions à envisager pour lutter contre l'impunité. Le dispositif permettra également de créer des synergies entre les parties prenantes afin de contraindre les auteurs des violences envers les journalistes et l'ensemble des médias à répondre de leurs actes.

La plateforme numérique assurera notamment la surveillance des menaces pesant sur l'intégrité physique ou la sécurité des journalistes et d'autres acteurs des médias ; des cas d'impunité ; des menaces envers la confidentialité des sources des journalistes ou encore l'intégrité physique et la sécurité de celles-ci du fait de leur collaboration avec les journalistes, les médias, les défenseurs ou organisations des droits de l'homme ; des atteintes à la vie privée des journalistes ; des restrictions à la liberté de la presse, telle que l'intimidation de la part des autorités judiciaires et politiques.

Cette initiative s'inspire de la plateforme pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes du Conseil de l'Europe. Développée par des acteurs africains, la plateforme africaine a reçu le soutien de l'Unesco par le biais de son Programme multi-donateurs pour la liberté d'expression et la sécurité des journalistes. Elle sera alimentée par les actions conjointes des organisations partenaires, soit quatre organes de l'UA (le Rapporteur spécial sur la liberté d'expression et l'accès à l'information de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples de l'UA, le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep), l'Architecture africaine de gouvernance (Aag) la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples), des organisations de la société civile, ainsi que des réseaux de médias et des partenaires de développement, en partenariat avec l'Unesco.

Josiane Mambou Loukoula
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