Sahel : le Tchad envisage de jouer un rôle moteur contre le djihadisme

Mardi, Février 2, 2021 - 12:30

Le pays prendra la présidence tournante du G5 Sahel, une alliance régionale, au cours de ce mois. Convaincues d’une lourde mission qui les attend, ses autorités mettent actuellement en place une task force, chargée de bien piloter l’organisation, au moment même où leur pays s’apprête à accueillir les 15 et 16 février à N’Djamena, un sommet sur la situation au Sahel. Une rencontre qui fera le point des opérations anti-djihadistes sur le terrain, et se penchera sur un éventuel redimensionnement de la force française Barkhane.

La France et certains de ses alliés de la région (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger) espèrent que sous la présidence tchadienne du G5 Sahel, les dirigeants du pays ne ménageront aucun effort pour que la lutte contre les groupes djihadistes se solde par des succès inéluctables. Ils misent sur le fait que l’armée tchadienne est essentielle dans la région: elle participe à la force multinationale mixte qui combat Boko Haram, désormais très établi dans le bassin du lac Tchad, à la frontière avec le Niger et le Cameroun.

De plus, elle fournit des troupes à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et fait partie du G5 Sahel, qui a lancé en 2017 sa force conjointe pour lutter contre les groupes djihadistes aux côtés de Barkhane. Ce qui justifie tout l’intérêt porté sur le positionnement des renforts de son armée fortement attendu au Sahel, même si le pays lutte toujours en solitaire contre les islamistes sur son propre territoire.

Quant à la France qui compte procéder à un ajustement de sa force au Sahel, notamment la réduction de sa présence, huit ans après le début de l'intervention antijihadiste dans la région, elle mise sur la montée en puissance des forces locales, surtout tchadiennes.

Ainsi est toujours espéré le déploiement d'un nouveau bataillon tchadien dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), promis il y a un an, mais qui se heurte à des retards.

L’armée tchadienne répond toujours avec force aux attaques terroristes

Pour permettre au pays d’être à la hauteur de sa tâche, Paris a cédé récemment, au cours d’une cérémonie officielle à N’Djamena, neuf blindés légers ERC-90 Sagaie, à l'armée tchadienne, un de ses principaux partenaires pour la sécurité régionale et la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le geste a été salué par l'ambassadeur de France au Tchad, Bertrand Cochery, selon lequel ces armes ont été données, parce que ce pays a « toujours répondu à l’appel » de lutte contre les insurgés islamistes.

« Il sait répondre avec force, courage et détermination aux attaques terroristes sur son propre territoire, comme sur l'ensemble de la bande sahélo-saharienne », affirme le diplomate français, ajoutant que la cession de ces blindés montre une nouvelle fois la permanence et la solidarité de la France vis-à-vis du Tchad. « Le rôle moteur que va dorénavant jouer le Tchad laisse présager la montée en puissance du G5 Sahel », commente, de son côté, un observateur dans la capitale tchadienne.

Le soutien aux forces tchadiennes et régionales contre le terrorisme dans le Sahel s’avèrerait nécessaire si un engagement croissant des alliés européens de la France se concrétisait, ainsi que celui des Etats-Unis qui y fournissent de précieuses capacités de renseignement et de surveillance, du ravitaillement en vol et du transport logistique, pour un coût de 45 millions de dollars par an.

Rappelons que pour avoir donné le meilleur de lui-même aux côtés des forces armées pour que la sous-région ne « replonge dans la profondeur de l’instabilité », l’actuel président tchadien, Idriss Déby, a été élevé au rang de maréchal par le Parlement de son pays.

 

Nestor N'Gampoula
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