Après sa sortie en 1987, « La vie est belle » semble ne pas avoir pris une ride. Avec son scénario hilarant centré sur le personnage de « Kourou » qui rêve de devenir un grand musicien, ce film a de quoi tenir le téléspectateur en haleine jusqu'à la fin de son temps initial d’environ 1h 27 min.
Sur la base d’un récit soigneusement ficelé par Dieudonné Mweze Ngangura, Maryse Leon et Benoît Lamy, « La vie est belle » se positionne comme l’un des classiques du cinéma africain. Réalisé dans une période où le secteur tentait de poser ses bases, le film présente les aventures de divers personnages dans la ville agitée de Kinshasa, en plein cœur de la République démocratique du Congo (RDC), à l’époque Zaïre.
« Moi aussi un jour je ferai de la musique électronique » lance la trame du scénario dont l’histoire se centre sur la chanson phare « La vie est belle ». Passionné de musique, Kourou, interprété par Papa Wemba, est un jeune villageois qui décide de se rendre à Kinshasa pour réaliser son rêve. A peine arrivé, il rencontre par hasard la belle Kabibi (Bibi Krubwa) et tombe entièrement sous son charme.
Au film des images, Kourou dans la vie se définit comme une véritable aventure rocambolesque allant de péripétie en péripétie, se retrouve employé dans la maison du grand patron Nouandou (Kanku Kasongo). Par le hasard du destin, lui aussi est profondément amoureux de la même Kabibi. Autour de ce trio, se greffent des personnages hauts en couleur et très comiques qui rendent le film vivant et nourrissent intelligemment son intrigue.
Outre son côté comédie de l’époque, « La vie est belle » aborde, sans prétention et avec un grand naturel, une multitude de sujets de société ayant un lien direct avec l’Afrique en général et la RDC en particulier. Parmi ceux-ci, on note : l'amour sous pression économique et sociale, le décalage entre les modes de vie urbains et ruraux, les rapprochements et divergences entre la musique traditionnelle et musique moderne, la place de la sorcellerie dans une société en pleine mutation, les relations de couple, les jalousies féminines...
Il faut aussi souligner qu’au-delà de la fiction, le personnage de Kourou a quelques liens avec l’artiste décédé, Papa Wemba. Premièrement, par le fait que comme Kourou, Papa Wemba a été initié à la musique traditionnelle par sa mère qui était « pleureuse professionnelle » dans les soirées funéraires. Deuxièmement parce qu’à l’image de son personnage, devenir musicien professionnel n'a pas été un fleuve tranquille pour Papa Wemba. Son géniteur, chasseur et mobilisé dans l'armée belge lors de la seconde guerre mondiale, plaçait tous ses espoirs pour son fils dans une carrière de journaliste ou d'avocat. C’est seulement à la mort de son père qu’il s’est consacré entièrement à sa carrière musicale, qui s’est arrêtée brutalement le 24 avril 2016, à Abidjan, des suites d’un malaise sur scène.
Notons que le film est gratuitement disponible sur YouTube.