Cinéma : Richi Mbelele, silence, moteur, on cause !

Jeudi, Février 4, 2021 - 19:12

Rendez-vous sur Messenger à 22 heures.  Pas une seule seconde de perdue. 22:00 ! Richi Mbelele est là, pile à l’heure : « C'est mon truc, la ponctualité »,  lâche-t-il ponctuant sa phrase d’un émoticône rieur.  Ce qui est encore plus agréable avec Richi est qu’il parle sans concession de sa passion, de son métier : le cinéma !

Que fais-tu actuellement ?

Je ne fais rien, je suis à la maison à me faire « chier », attendant que la vie reprenne son cours normal afin que je puisse par exemple assister à une activité culturelle comme dans la vie d’avant. Je comble ce vide à peaufiner mes scenarii. Comme la plupart des réalisateurs, j’ai un projet de long métrage avec l’espoir de le tourner avant la fin de l’année.

Le cinéma est-il au fond de l'abîme avec la Covid-19 ?

Le cinéma congolais et l'art en général se trouvent dans une impasse depuis le début de cette crise sanitaire. Les conséquences qui en découlent sont lourdes et font que beaucoup d'artistes n'ont pas eu d’autres choix que changer leur fusil d'épaule pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Ce qui est parfaitement compréhensible. En ce qui me concerne, je reste fidèle à mes projets et j’attends que la crise passe pour lancer la production de mon prochain film dont le scénario a été écrit l’année passée pendant le confinement total.

L’absence de l’extérieur freine t-elle l’inspiration ?

J'aime tout ce qui me donne l'impression d'être seul dans ma tête. Je suis à la base quelqu'un de très réservé qui ne sort presque jamais. Il m'est déjà arrivé de m'enfermer dans mon appartement pendant 2 semaines,  à ne sortir que pour quelques provisions au supermarché du coin de la rue. C'est pour dire que je me suis trouvé dans les meilleures conditions de travail pendant le confinement. D'ailleurs, je n’ai jamais autant été inspiré que durant cette période. J'ai bouclé trois longs métrages et commencé le développement d'une série.

Le cinéma dont tu parles semble être une sorte de cercle fermé où peinent à émerger de nouveaux acteurs. C’est aussi ton sentiment ?

C'est plus qu'un sentiment, c'est une réalité ! Je ne pense pas que nous ayons le temps de traiter cette question pour en comprendre les causes. Cependant, je peux dire que toutes les industries du monde fonctionnent ainsi et je ne vois pas comment le Congo pourrait être une exception, surtout que tout reste encore à faire chez nous. Je suis curieux et observateur. Quand un film sort au Congo je fais toujours en sorte de pouvoir le visionner. Le but est de dénicher de nouvelles actrices et nouveaux acteurs avec qui je pourrai bosser un jour. Mais, c’est vrai, je suis le plus souvent déçu. Nous avons hélas un sérieux problème au niveau de la formation d’acteurs.

Vous faites figure de chef de file du 7ème art congolais, c’est une pression qui t'oblige à te surpasser ?

C’est fou, mais chaque fois que je bosse sur un nouveau film, j'ai l'impression que s'il se trouve être un navet c'est le cinéma congolais qui va en prendre un coup. Donc, oui, c'est beaucoup de pression. Est-ce que ça en fait pour autant l’idée que je sois le chef de file du cinéma congolais ? Sans fausse modestie, je n’en suis pas si sûr. Je pense que nous sommes nombreux à travailler pour rehausser le niveau de notre cinéma, chacun suivant ses propres règles, défendant sa propre vision. Et s’il est permis de croire que nous pataugeons encore légèrement dans la boue, j’ai cette conviction qui me dit que l’on s’en sortira.

Propos recueillis par Philippe Edouard
Légendes et crédits photo : 
Richi
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