Interview.Senia Coyine : « Je rêve de porter la scène congolaise sous d'autres cieux »

Mercredi, Février 10, 2021 - 14:00

Lauréat du prix UN75Ambassadors, Katoukoulou Senia Coyine, plus connue sous le nom de Katos Katos, est une jeune artiste pluridisciplinaire. Slameuse comédienne et écrivaine engagée. Elle met sa passion au service des objectifs de développement durable (ODD) à Brazzaville. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo : Comment a commencé votre passion pour le slam ?

K. S. C : J'ai commencé le slam en 2016. Presqu'à contrevent car je voulais devenir écrivaine nouvelliste et même faire du stand-up que de faire du slam. Persuadée par le slameur congolais Black Panther, j'ai fini par dire "on essaie le slam !"

Envisagez-vous de faire carrière avec cet art de scène au Congo ?

K. S. C : Tout est question de stratégie. Ce n'est pas facile, mais pas impossible non plus d'accomplir une belle carrière artistique au Congo. Je pense que le slam au Congo est en pleine ascension. Il y a cinq ans quand j’ai débuté avec le slam, chez moi à la maison on croyait que je faisais de "l'islam" (Rire)...Mais aujourd'hui je ne suis plus forcée d'expliquer aux gens ce que c’est que le slam ! Cet art occupe désormais une bonne place dans la culture congolaise. Ma grande motivation, c'est de pouvoir porter la scène congolaise sous d'autres cieux.

Les femmes sont peu dans le slam, y-a-t-il une slameuse en particulier qui vous inspire ?

K. S. C : Oui bien sûr ! Mariusca Mounkengué. Tout d'abord j'admire son parcours, c'est l'une des rares slameuses qui déclament haut la voix du Congo au-delà des frontières. Aussi, j'ai un profond respect pour son slam unité, concept autour duquel elle anime de nombreux ateliers avec des jeunes filles généralement touchées par les injustices sociales. Le slam est effectivement un mode de transmission, l’un des meilleurs actuellement en milieux jeunes. Tout dépend de comment le message est transmis !

Devant le phénomène de la délinquance juvénile qui semble gagner Brazzaville, les mots suffisent-ils comme remède ?

K. S. C : Le problème avec les mots ou plutôt la limite des mots c'est qu'ils se limitent aux mots. Ils ne savent pas faire autre chose. Alors pour faire face à la délinquance juvénile, je pense collaborer avec des délinquants afin que l'on se dise nos quatre vérités sur un tatami musical. Qui sait, peut-être deviendront-ils pêcheurs d'hommes après avoir goûté à la parole !

Et quels sont les grands événements culturels qui vous ont le plus marquée ?

K. S. C : Les grands évènements culturels qui m'ont marquée jusqu'aujourd'hui, se sont déroulés en 2019 avant le spectre paralysant du coronavirus. "Arc-en-ciel" de Bill Kouélany aux Ateliers Sahm, puis une reprise à l'IFC lors de la Rencontre internationale des arts contemporains. Ce fut un vrai mélange de couleurs artistiques ! Et "Chanter l'Humain", Une pièce de théâtre du collectif Ignée Art'Plume. Cette dernière occasion nous a permis de lier l’art à l’humanitaire.

S’il vous était donné les moyens de relever une défaillance du slam congolais, que relèveriez-vous ?

K. S. C : Merci pour cette question. Comme je l'ai dit plus haut, le slam congolais est en pleine ascension, dans la mesure où on en parle de plus en plus. Mais si par aubaine j'en avais les moyens, je serai bien partante pour le faire vivre en organisant plusieurs événements de déclamation de textes et remise de prix. Je pense que la jeunesse congolaise a beaucoup à dire et à se dire.

Le 14 février c’est dans quelques jours, que pensez-vous de la Saint Valentin ?

K. S. C : Comme connue de tous, la date du 14 février est consacrée à l'amour, aux amoureux. J'aime beaucoup cette idée car l'on remet à l'ordre son amour pour l'autre par des déclarations d'amour ou des cadeaux. Moi j'en profiterai bien pour écrire des poèmes d'amour !

Propos recueillis par Aubin Banzouzi
Légendes et crédits photo : 
Photo: La slameuse Katos Katos
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