Le nouvel ouvrage du Pape François est un aiguillon d’humanisation des pratiques et des comportements en société, pour la protection de la vie et la promotion humaine.
« Seigneur et Père de l’humanité, toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité, insuffle en nos cœurs un esprit de frères et sœurs. Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix. Aide-nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne, sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres. Que notre cœur s’ouvre à tous les peuples et nations de la terre, pour reconnaître le bien et la beauté que tu as semés en chacun pour forger des liens d’unité, des projets communs, des espérances partagées. Amen ! »
Cette prière du pape François, se trouvant à la chute de sa nouvelle encyclique sociale publiée en octobre 2020, résume bien l’intention de même cette longue et édifiante réflexion présentée en 287 numéros ou sous-points.
Devant la segmentation du monde et le repli identitaire qui perdurent malgré les diverses menaces contre la vie humaine dues au coronavirus et bien d’autres fléaux, le Saint-Père a une fois de plus pris son bâton de berger pour interpeller la conscience du peuple chrétien et de toutes les personnes de bonne volonté, au-delà de leurs convictions, en les invitant à plus d’ouverture et d’amitié sociale.
Le message du pape pose le problème d’un vivre ensemble plus humain, plus harmonieux et sans exclusion pour ses contemporains et pour les générations futures. Le Pape François rêve d’un monde où l’humanité, dans sa diversité assumée, vivrait d’une vraie fraternité. Chacun ou chacune se reconnaissant comme frère ou sœur de l’autre. D’où, le titre Fratelli Tutti c’est-à-dire « Tous frères ».
« Reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ne sont pas de simples utopies. Cela exige la décision et la capacité. Tout engagement dans ce sens devient un exercice suprême de charité », écrit le pape au n°180 de Fratelli Tutti. Il appelle en effet l’humanité à un amour oblatif, inclusif, qui intègre les marginaux et rassemble les hommes et femmes du monde, éloignés géographiquement ou culturellement.
En s’inspirant des enseignements de la Bible (la parabole du bon samaritain par exemple) et des grands témoins de la fraternité sociale universelle (François d’Assise, Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi, Mandela, Charles de Foucauld…), le Saint Père s’est rendu solidaire au Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb qu’il a rencontré à Abou Dhabi, et qui est cité abondamment dans le livre, pour livrer un message sur la fraternité pour la paix mondiale et la coexistence commune.
Selon le Pape, l’Imam de même, la crise ou le manque d’amour fraternel véritable entre les êtres humains est à l’origine des maux sociaux tels que : la faim qu’il considère comme un crime, vu les atouts dont l’humanité dispose ; et la guerre, cette injustice imposée par des manipulateurs qui ne travaillent que pour leur intérêt au détriment du bien commun. Ou ne se servant du principe de bien commun que comme prétexte.
Pour combler le vide éthique et pour éveiller le sens de responsabilité dans un monde en proie à la globalisation et au mauvais usage du numérique, le Saint-Père a orienté son articulation sur huit chapitres qui traitent des questions existentielles actuelles : immigration, peine de mort, interculturalité, préservation des valeurs historiques, justice, pardon et non-violence…