Lire ou relire : « Les ordonnances d’outre-tombe ou les lettres insolites » de Julien Makaya

Vendredi, Février 19, 2021 - 11:38

L’essai publié l’an dernier aux éditions Le lys bleu (Paris) est un cri de mémoire et d’indignation contre les réseaux néocolonialistes qui continuent de dépouiller l’Afrique de ses dignes bâtisseurs.

Quatorze textes de styles différents constituent la trame de ce livre dont le substrat est la quête d’une Afrique libre, solidaire et auto-responsable au sein de la communauté internationale. Sur les traces de Frantz Fanon et de Théophile Obenga, l’auteur s’érige en défenseur panafricaniste en prônant la vision d’une humanité égalitaire, fraternelle et équitable.

Il est peut-être incisif à la manière d’Aimé Césaire ; tout comme cet illustre penseur de la Négritude, Julien Makaya fait une autopsie historique et sociétale, pour relever les causes majeures de l’involution du continent noir, un continent qui, selon Cheik Anta Diop, a été pionnière de la civilisation, des sciences et techniques, en se référant à l’histoire de l’Egypte antique.

Sa « leçon inaugurale sur la mort » est une vision illustrée par des faits de sociétés qui invitent, indirectement, à l’humilité et à reconsidérer son comportement dans la société, en ayant en vue l’idée de la mort, ce passage incontournable. Pour ce, l’homme doit apprendre à mieux se connaître, pour comprendre ses limites et la nécessité de penser à rendre les autres heureux comme condition de son propre bonheur.

Hormis le style, les thématiques de ce livre sont profondément similaires à celles que l’on retrouve dans l’œuvre de l’écrivain Benoît Moundélé-Ngollo. C’est un humanisme littéraire qui esquisse en arrière-plan « l’urgence d’inventer une nouvelle éthique sociale, de nouvelles formes de vie », moins licencieuses et moins avilissant. Ce pari vaut d’être relevé, de manière constante, affirme Francis Laloupo, professeur de géopolitique et journaliste, dans la préface.

La suite de l’essai caricature la vie des dictateurs au-delà du trépas. Les dictateurs en procès, notamment Mobutu, Kadhafi, Hitler, manifestent leur repentir à titre posthume, et dénoncent en même temps la partialité du jugement historique qui dédouane les crimes des vainqueurs au détriment des déchus. A côté de ces récits macro-historiques, l’écrivain peint aussi subtilement certaines scènes insolites du quotidien, comme exutoire.

Psychothérapeute et enseignant, Julien Makaya est essayiste, romancier et poète. Parmi ses livres, il y a, « Pour une nouvelle gouvernance du Congo-Brazzaville », « Crise et décadence de l’Afrique noire, Les versets nègres », « La saison des perversions », « L’appel du Kilimandjaro », etc.  

Aubin Banzouzi
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