Conte : l’art du mbongui se réinvente sur la toile

Samedi, Février 20, 2021 - 13:30

Désormais, chaque dernier samedi du mois, les Editions + proposent une rencontre de conte avec l’artiste Jorus Mabiala. Initiée en ligne, elle vise à la fois à pérenniser la culture du mbongui et à faire survivre l’art, au regard de la pandémie de coronavirus qui empêche la tenue des spectacles grands-publics.

« Que le conte soit ! », tel est le pari que se sont lancées les éditions +, en proposant désormais aux amoureux de l'art, une rencontre par mois sur sa page Facebook. Certes que l’effet naturel et habituel de la chaleur du feu, du vent, berçant l’attention de l’auditoire ou le contact visuel, ne sont pas au rendez-vous, le public peut tout de même savourer de belles histoires, inspirées de l’Afrique et du Congo. Pour le conteur congolais, résidant en France, Jorus Mabiala, « aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, il ait donné à la société la possibilité de réinventer ses habitudes. Et donc, quoi de plus beau que d’en profiter ».

La session inaugurale de ce programme a eu lieu le 30 janvier. Durant près de 1h 39 min, Jorus Mabiala a narré trois histoires. La première était celle du lièvre et de « Mukukulu », titre éponyme de son recueil de contes à la fois hilarant et instructif, illustré par Fabienne Quentel et publié en 2018 aux éditions Créer. Ce conte parle d’un tout-petit lièvre qui sème le désordre chez l’éléphant et l’hippopotame, en voulant flotter sur le fleuve en traversant. Il est un véritable hommage à l’imaginaire africain et met particulièrement en lumière les potentiels du Bassin du Congo et les forces de ses fleuves, tout en confirmant l’utilité du Fonds Bleu pour la préservation de ce territoire.

Par ailleurs, Jorus Mabiala a fait voyager les internautes au pays « Mikengue ». Dans cette contrée, Toungou est un garçon spécial, mais qui boudait toujours à chaque fois que son père lui demandait un service. Paresseux, il disait, toutes les fois, vouloir disparaître pour ne plus avoir à subir cela et c’est ce qui arriva. Toungou se retrouva dans une coque d’arachide qui fut mangée par le coq, le coq avalé par une civette et celle-ci engloutie par un boa. Le petit-garçon étant introuvable depuis quelques temps, les habitants du village demandent à son père d’aller chercher du gibier pour ses funérailles. Or, comme le dit un adage, « un homme qui n’est pas enterré, est un homme qui n’est pas encore mort ». Et, c’est bien ce qui arriva.

La dernière histoire, quant à elle, portait sur la curiosité et l’entêtement d’un éléphanteau. Au pied de l'arbre à palabres de Jorus Mabiala, on remarque qu’il se réfère considérablement aux animaux, dont il juge possédant une grande sagesse à enseigner aux hommes. Il s’agit surtout de pousser au loin la réflexion de ceux qui l’entendent, afin de tirer des morales à travers chaque personnage, chaque mot et chaque histoire.

A propos de l’auteur, il faut souligner que Jorus Mabiala est danseur et comédien de formation. Il a choisi, dès 1997, de se lancer dans le conte. « Mon éducation s’est faite au rythme des histoires de mon père qui, pour chaque chose, avait une histoire à conter. Je n’ai fait que m’inspirer de lui », a-t-il déclaré. Aujourd’hui, il a repris le flambeau pour offrir aux enfants et adultes, des spectacles complets. Dans sa quête d’un spectacle plus vivant que ce qu’il avait l’habitude de voir, il apporte énormément une touche personnelle à chaque fable qu’il partage. En direct, c’est tout son corps qui joue le spectacle. Il raconte des histoires, chante et joue de la comédie.  

Notons que le prochain rendez-vous, « Que le conte soit », se déroulera le 27 février. 

Merveille Atipo
Légendes et crédits photo : 
Jorus Mabiala, animateur du programme en ligne « Que le conte soit »/DR
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