La ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, coordonnatrice technique de la commission climat du bassin du Congo, a lancé le 24 février à Brazzaville le projet Biodev 2030 visant à intégrer la biodiversité au développement dans les pays pilotes.
Il s’agit d’un projet de « facilitation d’engagements pour la biodiversité » qui entend apporter au gouvernement de chacun des pays cibles (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, , Ethiopie, Gabon, Guinée, Guyane, Kenya, Madagascar, Mozambique, Ouganda, Sénégal, Tunisie, Vietnam) les moyens d’identifier et d’engager conjointement avec le secteur privé et la société civile, des mutations profondes dans les secteurs de l’économie ayant une incidence stratégique sur le développement et sur la biodiversité.
Dans son mot introductif, le Dr Jean Bakouma, directeur à la conservation du bassin du Congo, a fait savoir que le projet Biodev 2030 donne l’occasion de comprendre comment est-ce que les activités économiques impactent la riche biodiversité de la forêt congolaise ; et quelles sont les mesures qu’on peut prendre pour en atténuer les effets ou mieux inverser la course ?
Pour sa part, la ministre du Tourisme et de l’Environnement a indiqué que la République du Congo dispose d’un capital naturel riche et varié qui fait non seulement sa fierté, mais qui lui confère aussi toute sa place dans les enjeux internationaux liés notamment à la lutte contre l’érosion de la biodiversité et les changements climatiques. C’est pourquoi depuis plusieurs années le Congo n’a cessé de fournir des efforts afin de gérer durablement ses ressources naturelles en se dotant de cadres légaux et réglementaires adéquats et en adhérant à plusieurs initiatives régionales et internationales.
Pour la coordonnatrice technique de la commission climat du bassin du Congo, la lettre d’intention signée par le chef de l’État en septembre 2019 à Paris avec son homologue français, Emmanuel Macron, dans le cadre de l’initiative pour la forêt d’Afrique centrale, illustre cet engagement au plus haut niveau. « Nous pouvons à ce jour mesurer le chemin parcouru dans la gestion durable de nos écosystèmes forestiers. Nous avons ainsi créé dix-sept aires protégées qui couvrent 13% du territoire national et qui sont autant de sanctuaires pour notre diversité biologique. Le taux de déforestation dans notre pays demeure parmi les plus faibles au monde, ce qui nous place dans la catégorie des pays à fort couvert forestier et à faible taux de déforestation », a-t-elle déclaré.
Poursuivant son allocution, la coordonnatrice technique de la commission climat du bassin du Congo, a souligné que la loi sur la protection de l’environnement, qui exige des porteurs de projets de réaliser des études d’impact environnemental et social préalablement au lancement de tout projet de développement, a permis à la République du Congo de minimiser les incidences sur l’environnement.
Un projet de facilitation d’engagements pour la biodiversité
A l’heure où la diversité biologique connait un déclin sans précédent à travers le monde, la République du Congo qui a adhéré à la convention sur la diversité biologique peut se réjouir des résultats obtenus. Même si dans ce domaine où rien n’est jamais acquis, il convient de demeurer en permanence vigilants. Aussi, la dégradation de la nature représente un risque économique et financier majeur. D’ici 2050, la dégradation des terres, d’ores et déjà très avancée, pourrait réduire de 10% les rendements agricoles en moyenne dans le monde, et jusqu’à 50% dans certaines régions, a-t-elle fait savoir.
A l’inverse, protéger la biodiversité et les écosystèmes présente de nombreuses opportunités notamment en Afrique où 62% des populations rurales dépendent directement des écosystèmes et des biens et services environnementaux qu’ils fournissent. La préservation de la biodiversité et la lutte contre la pauvreté, dans leur acception multidimensionnelle, vont ainsi de pair.
Ainsi donc, la gestion non rationnelle des ressources issues de la nature génère des situations d’instabilité et d’insécurité, facteurs majeurs de pauvreté et de déplacements des populations, a indiqué la ministre. D’où, il est dès lors crucial et urgent de stabiliser puis d’inverser le déclin de la biodiversité à toutes les échelles nationales et internationales. C’est donc, dans cette perspective qu’est né le projet Biodev 2030.
Notons que l’Agence française de développement en partenariat avec le Fonds mondial pour la protection de la nature a décidé d’accompagner le Congo dans la construction d’engagements volontaires sur la biodiversité, à travers l’étude des moteurs de l’érosion de la biodiversité, afin de construire des trajectoires de développement durable post-2020.