Lutte contre la pauvreté : le Pnud à la quête d’un revenu minimum pour aider les populations pauvres

Mardi, Mars 9, 2021 - 18:15

Pour encourager les gouvernements et les décideurs des pays du monde à mettre sur pied une politique efficace, susceptible d’aider leurs populations, surtout les femmes pauvres afin de faire face aux conséquences économiques liées à la Covid-19, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a publié le week-end dernier un nouveau rapport 2020 demandant aux Etats de créer un revenu minimum provisoire.

Selon ce rapport publié en marge de la célébration de la Journée internationale de la femme, un revenu minimum provisoire spécifiquement attribué aux femmes issus des pays en développement pourrait endiguer la montée de la pauvreté et éviter que les inégalités entre hommes et femmes ne se creusent davantage. Car, plus durement frappées par la pandémie, les femmes perdent leurs sources de revenus et quittent le marché du travail à un rythme accéléré. « Elles assument également une plus grande part du travail consistant à prendre soin d’autrui. C’est pourquoi, un revenu minimum provisoire apporterait une sécurité financière à court terme, ce qui ouvrirait la voie à des investissements futurs pour réduire les inégalités systématiques entre les hommes et les femmes », souligne le document de l’institution onusienne, tout en spécifiant que ce programme de revenu minimum provisoire nous permettra de comprendre qu’un investissement de 0,07 % du Produit Intérieur Brut ( PIB ) des pays en développement, soit cinquante et un milliards de dollars mesurés en Parité de pouvoir d'achat, pourrait garantir la sécurité financière et économique d’environ six cent treize millions de femmes en âge de travailler et qui vivent dans la pauvreté. Ceci, en leur fournissant un revenu dont elles ont grand besoin et en relâchant la pression économique qui pèse sur elles au quotidien.

« Une allocation budgétaire nominale visant à aider pour les six prochains mois les femmes qui sont dans des situations désespérées leur permettra de maîtriser davantage leur existence du point de vue financier. Les gouvernements peuvent agir dès maintenant, en redirigeant chaque mois seulement 0,07 % de leur PIB vers les femmes en grande détresse socio-économique, car un revenu minimum mensuel pourrait être un gage de survie en ces temps », a déclaré dans le rapport, l’administrateur du Pnud, Achim Steiner, avant d’ajouter qu’un investissement aussi significatif aurait non seulement l’avantage d’aider les femmes et leur famille à surmonter l’épreuve de la pandémie, mais aussi d’autonomiser les femmes afin qu’elles puissent prendre des décisions indépendantes concernant l'argent, les moyens de subsistance et les choix de vie. Parce qu’en relevant par exemple le seuil de façon à inclure les femmes en situation de vulnérabilité, ce programme toucherait environ un milliard de femmes, pour un coût de cent trente-quatre milliards de dollars, soit 0,18 % du PIB. Et, en relevant encore davantage ce seuil pour couvrir l'ensemble des deux milliards de femmes du monde en développement, il en coûterait deux cent trente et milliards de dollars, soit 0,31 % du PIB.

La protection sociale des femmes, une urgence pour les Etats

Insistant sur la problématique du manque de pans de la protection sociale des femmes, les initiateurs de cette expertise ont reconnu qu’il est nécessaire que les gouvernements agissent immédiatement afin que les femmes puissent bénéficier de régimes de protection sociale, car la crise a frappé les femmes de manière disproportionnée. « Les emplois occupés par les femmes dans le monde ont tendance à être moins bien rémunérés et sont souvent dépourvus de protection sociale. Ces emplois se trouvent actuellement en grande partie dans des secteurs paralysés par les confinements mondiaux, comme les activités de soins à autrui et l’hôtellerie. Et, la plus part de ces emplois sont mal rémunérés et ceux qui les exercent souvent sont exclues de la population active et subissent la recrudescence des cas de violence domestique », ajoute le rapport.

Les disparités de revenus et la répartition inéquitable du travail, l’une des causes de l’inégalité hommes-femmes

Par ailleurs, selon le document, l’inégalité hommes-femmes persiste à cause des disparités de revenus et la répartition inéquitable du travail. Mais, malgré le fait que le revenu minimum provisoire ne soit pas une solution miracle, il pourra contribuer à donner aux femmes davantage de possibilités de se prendre en charge en temps de crise. Pour la directrice de l’équipe chargée de la problématique hommes-femmes du Pnud, Raquel Lagunas, le revenu minimum provisoire offre une période de stabilité économique permettant aux femmes d’organiser leur vie selon leurs propres intérêts et besoins, et de prendre davantage leur place dans la société. Des millions de femmes exercent un emploi dans le secteur informel, ou non rémunéré, et sont souvent les principales personnes s’occupant des enfants et des personnes âgées. « Le revenu minimum provisoire n’a pas vocation à remplacer les politiques mondiales déjà en place, mais à les compléter. Il doit s’accompagner de mesures à long terme qui visent des changements structurels, tels que des lois et la lutte contre les normes sociales discriminatoires », conclu le rapport.

Rock Ngassakys
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