A l’occasion des quarante-quatre ans de la disparition du premier cardinal de la République du Congo, revisitons son ouvrage biographique publié aux éditions L’épiphanie à Kinshasa.
Antoine Miekoumoutima, frère cadet du cardinal Emile Biayenda et fondateur des éditions scolaires « Je m’entraine », a voulu offrir au monde son témoignage sur la vie de l’illustre disparu qui est jusqu’alors le seul cardinal que le Congo-Brazzaville a connu, un pasteur qui est resté inoubliable dans les cœurs des Congolais et dont le rayonnement en termes de vertus continue de susciter des imitateurs et des admirateurs au-delà de sa patrie.
Mort assassiné le 22 mars 1977, le cardinal Emile Biayenda est considéré dans son pays comme un martyr de la paix et de la réconciliation de son peuple. Sa bonté manifeste et son humilité ont caractérisé toute sa vie, depuis l’enfance jusqu’à son sacrifice suprême, le disposant à être un frère et un père bien aimé par tous ceux qui l’ont connu. Il était un homme dont la foi chrétienne et les valeurs bantoues ont aidé à façonner une personnalité équilibrée et altruiste, un véritable contemplatif en action au service d’une église et d’une nation.
La question du mieux-être morale et sociale de « L’homme » était au centre de ses préoccupations comme prêtre, évêque, puis cardinal, fidèle aux exigences de son église pour laquelle il a tout donné en se donnant entièrement jusqu’au bout, mourant dans une odeur de sainteté unanimement reconnue même par ses anciens bourreaux.
Emile Biayenda naquit en 1927 dans la bourgade de Maléla-Mbombé, fils d’un policier et d’une paysanne. Il a fait ses études primaires et secondaires à Kindamba, à Boundji et à Mbamou. Et les études supérieures au grand séminaire de Brazzaville et aux facultés catholiques de Lyon. Licencié en théologie et docteur en sociologie, il a mis les sciences sociales et les valeurs traditionnelles africaines au service de la foi pour mieux répondre aux défis pastoraux de son temps (la paix et l’unité nationale ; l’éducation des consciences, des familles et des jeunes ; le souci des vocations ; l’œcuménisme ; etc.).
Le martyre, il l’a vécu dans sa vie en subissant sans se révolter à maintes reprises des injustices de tous genres, notamment la prison qu’il fit en tant que prêtre en 1965 à cause d’un mensonge, l’obligeant en vain à faire des faux aveux. Son seul malheur est d’avoir ramé à contrecourant en prônant des convictions chrétiennes sous un régime marxiste hostile à la foi populaire.
Malgré son engagement pacifiste, le vent de l’intolérance de mars 1977 qui a sévi sur Brazzaville a abrégé son parcours d’évangélisateur publique, célèbre et incorruptible, donc trop gênant. Un mars noir ayant causé trois martyrs aux souvenirs immortels, un cardinal (Emile Biayenda), un président en exercice (Marien Ngouabi) et un ancien président (Alphonse Massamba Débat). Malgré les menaces de mort, son dernier message fut un message de paix et d’unité pour son pays. Un procès de béatification et de canonisation est ouvert dès lors au Vatican en faveur du témoin courageux de la foi que fut le cardinal Emile Biayenda.