Documentaire coup de gueule mettant en lumière la créativité et la bravoure des artistes contemporains basés en République démocratique du Congo (RDC), « Système K » est une plongée dans la ville de Kinshasa d’aujourd’hui où la rue a été entièrement envahie par l’art pour dénoncer certaines formes d’injustices sociales.
Détour à Kinshasa, en RDC, où ce film documentaire a donné la parole à des plasticiens et des performeurs pour témoigner de leurs conditions de création dans un environnement précaire, ainsi que de leur attachement à la liberté d’expression par le biais de l’art contemporain. A travers « Système K », on se confronte à la naissance d’un mouvement artistique que rien, ni personne ne peut stopper. Pas besoin de parler, leurs instruments et leurs spectacles expriment déjà bien le fond de leur pensée.
Pour les différents artistes ayant participé à la réalisation de ce film, Kinshasa est une ville de performance, tellement le quotidien laisse voir diverses scènes en lien avec cette discipline artistique. Pour parvenir à bout de leurs projets, certains d’entre eux récupèrent et recyclent des déchets d’une consommation à laquelle ils n’ont pas accès où usent de matériaux qui ne cessent de ravager leur cité. A ce propos, l’artiste congolais Freddy Tsimba a construit une maison de machettes en plein cœur du quartier Matonge. Une performance ayant suscité la curiosité des populations à cause de l’usage de la machette, un objet à la fois dramatique et coutumier.
En réalité « Système K » est un appel à améliorer les conditions sociales en RDC. C’est une revendication pour l’accès continu aux services de base, la liberté d’expression, l’égalité des chances, l’épanouissement des artistes, l’éducation de la population, la sécurité sanitaire, la paix, l’unité, etc. En 1h 35 min, Renaud Barret a accordé aux artistes une tribune libre sur laquelle se défouler et laisser jaillir tout ce qui a longtemps été enfoui au plus profond d’eux. Cela n’a d’autant pas été facile car il a fallu cinq ans au documentariste et photographe français de s’immerger dans cette réalité et recueillir pas à pas, en toute discrétion et en parfaite écoute, ces images débordantes de richesses.
Un peu brouillant, long et redondant parfois, ce film documentaire plait tout de même à regarder grâce à son côté comique, poétique et moral. En effet, « Système K » est un appel de l’urgence lancé par ces artistes de rues qui se sont décidés à tout prix de créer au milieu du chaos social et politique de leur pays. Leur rage nous concerne, autant qu’elle nous parle sur la démission des autorités dans certains domaines, notamment celui de l’employabilité des jeunes.
Travail de longue haleine, « Système K » met admirablement en exergue le fait que, même quand on est au bout du rouleau et que la déception nous plonge au fond du chaos, il est indispensable de faire avec ce qui s’offre à nous pour amplifier la force de continuer de vivre, résister, chérir, rêver et surtout créer.