Nous le savons tous, un mot suffit pour guérir, comme un mot suffit pour détruire. Réservée dans son adolescence et très introvertie face à tout ce qu’elle vivait, c’est par le slam que Guer2vie redécouvre un nouveau sens de la vie. Rencontre.
Guervie Elyshama Gobouang, plus connue sous le nom de scène Guer2vie, est une jeune slameuse, modèle photo et comédienne congolaise. Des arts qu’elle ne s’imaginait pas pratiquer un jour à cause de sa timidité. En effet, détentrice d’un baccalauréat série C et d’une licence en économie de développement durable, Guer2vie aidait régulièrement ses amis à rédiger des poèmes pour des participations aux concours de poésie interscolaires, que d’y participer elle-même.
« Je suis de nature très réservée et depuis mon enfance je prenais tout sur moi. D’autant plus, qu’il m’était difficile d’extérioriser ce que je vivais ou ce qui me préoccupait, je préférais donc coucher sur papier ce qui me passait par la tête. Et à cette époque, j’aimais beaucoup la littérature mais j’ignorais encore tout de l’univers du slam », a-t-elle confié.
En 2011, elle fait l’incroyable rencontre du slam en assistant pour la première fois à une compétition nationale sur la discipline, à laquelle participait également son frère. C’était une évidence, Guer2vie succombe au charme du slam, après avoir été séduite par les techniques langagières des différents candidats. De la littérature au slam, il ne lui a fallu presque aucun effort à fournir, d’autant plus que le slam est une véritable poésie urbaine.
Avec sa voix suave et captivante, elle décide d’intégrer le collectif slam dénommé « Les ateliers du Styl’Oblique Brazza », dont elle a fini par devenir membre actif, en animant et participant à divers ateliers, aux côtés des artistes comme Prodige Eveil, Guer2mo et Hardy Style. Passionné de littérature depuis toute petite, c’est en mettant par écrit ses expériences, ses pensées et ses espoirs, mais aussi en composant des poèmes, inventant des histoires et faisant travailler son imagination, que Guer2vie s’est s’attachée fortement au slam. Une forme de thérapie qui l’a aidé à se libérer de nombreux poids gardés au plus profond d’elle.
Chemin faisant, elle fait sa première scène en 2013, au centre culturel russe. Mais pour des raisons personnelles et familiales, Guer2vie fait une pause pour retrouver la scène quelques années plus tard, en 2017. Ainsi, l’année qui a suivi, elle participe aux éliminatoires de la compétition nationale de slam et s’y qualifie. Bien que n’ayant pas été lauréate, elle se console la même année en remportant le prix d’excellence de la catégorie slam lors du concours « Quartiers & Talents ».
En 2019, Guer2vie connaît une année artistique prolifique avec sa participation à plusieurs initiatives, à savoir : la création chorégraphique « Neuf couches de rouges, la tchikumbi furiosa » de Delavallet Bidiefono ; la célébration à Brazzaville des 70 ans des éditions Présence africaine ; la sortie en featuring avec l’artiste gabonais, La voix de l’orphelin, du single « C’est notre combat ». Par ailleurs, elle a déjà participé à de nombreux festivals comme : Ici C’l’Afrik, Mantsina sur scène, Bo ya kobina, Afro slam, Slam à l’appart, Session slam.
Comme pour tous les artistes, 2020 n’a pas été une année de tout bonheur pour Guer2vie. Néanmoins pour elle qui nourrit l’ambition de faire des scènes internationales, elle n’a de cesse travailler. D’où la sortie de ses deux premiers singles, uniquement en version audio : « Le mal est une femme » et « Breuvage mortel ». Engagée dans ses textes, la jeune femme parle d’amour, de discrimination faite à la femme, d’injustice dans nos sociétés, du respect, de ferveur dans le travail… Son objectif est de conscientiser, éduquer et en partie divertir à travers le slam. Aussi, elle souhaite que ses singles parlent à toutes personnes confrontées aux épreuves douloureuses qu’elles traversent pour s’en détacher véritablement.
Eprise du slam en quoi elle a trouvé une porte de sortie pour profiter de sa vie et surtout se libérer de la peur d’être soi-même, Guer2vie est en studio depuis quelque temps. En effet, la jeune artiste congolaise annonce les couleurs et rondeurs de son premier EP dont elle n’a pas voulu révéler les détails.