Chanteur de talent, Evoloko Jocker possède une voix indescriptible susceptible d’apporter la joie tout comme la mélancolie. Excellent danseur, il s’est distingué par plusieurs de ses compositions dont « Doné », tube de l’année 1987.
Quelque temps après sa sortie, ce titre connaît un véritable succès et se maintient au Top des chants kinois pendant plusieurs semaines. Produit et distribué par le label « Rythmes et Musique », sis 11 rue Lécluse, Paris en France, ce disque microsillon 33 tours porte la référence RMU 990.
La chanson relate la tristesse d’un père de famille qui perd son épouse, la nommée Kellia Doné. L’intro de ce merveilleux titre est marqué par une exclamation : « Ah pauvre Doné ! Mawa hein, yaya na Bachi ». « Ah pauvre Doné ! Quel changrin, la grande sœur de Bachi ».
Ce morceau est chanté en polyphonie. Le lead vocal est accompli par Evoloko et le chœur par Djeinga- k, Djeffard, Mazeya, Koko Anana, Gina Efongué, Djanana et Leila. Ici, l’auteur dans l’arrangement de son œuvre fait intervenir trois rythmes : la rumba, le dzebola et le kibwa. Ce qui est rare dans la musique congolaise. La séquence rumba débute par « Libaku mabe oyo na betaki na butu, nayebaki tina te. Nzoka mal chance eyeli ngai makila na lokolo etangaki. Nzoka mbote ya suka opesaki ngai na Paris ezalaki ya suka ». « Je n’ai pas compris la signification du faux pas que j’ai fait dans la nuit. Or que cela traduisait la malchance qui s’abattait sur moi, le sang dans mes pieds giclait. Or que ta dernière salutation à Paris n’était qu’un au revoir ». Dans la deuxième partie rythmique l’artiste sanglote : « Elongi ya chérie etikala na bana, soki natali elongi ya bana eh, nabandi se kolela ». « Le visage de ma chérie est resté sur les enfants. Quand je regarde les enfants je me mets à pleurer ». Et l’auteur d’ajoute, « Liwa elakaka te moninga, tala mwana suka akoma omela libele ya koko naye ». « La mort ne prévient pas mon ami, regarde à quel point le dernier enfant tète sa grand-mère ». Dans la troisième section, la célérité des jeux de la guitare de Béniko Popolipo est excellente, la rythmique d’Ada et la basse de Noel, admirables. La batterie de Komba et les percussions de Mawungu soutiennent la cadence, ce qui motive les animateurs Kalar Talisa Chance et Asiri Lady Stokele dans leurs performances.
Il faut dire que le thème de cette chanson est mélancolique mais sa mélodie, elle, inéluctablement dansante. Il y a quelque temps, « Doné » a fait l’objet d’une interprétation par l’artiste de la nouvelle vague rumbastique, Férré Gola.
Né le 20 mai 1954 à Léopoldville, Antoine Evoloko Bitumba Bolay Ngoy a débuté sa carrière dans « Les Maps ». En 1969, il entre dans Zaïko où il deviendra la méga star de cet ensemble musical de 1970 à 1974. Il est à l’origine de l’orchestre Isifi Lokole, en 1975. En 1979, il fait un come-back dans Zaïko et en 1981. Cofondateur de Langa Langa Stars, Evoloko a influencé plusieurs artistes. Il était adulé par plusieurs jeunes de sa génération.