Représentation théâtrale : « Le Journal d’un fou » sur les planches

Mercredi, Mars 31, 2021 - 18:45

Cette représentation qui s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale du théâtre a été animée par la troupe Le Théâtre des arts libres au Centre culturel russe (CCR).

Mise en scène par Jean-Marie Diatsonama et interprété par Guy Stan Matingou, « Le Journal d’un fou » est l’œuvre de l’écrivain et nouvelliste russe d’origine ukrainienne Nicolas Gogol, publiée en 1835. Elle fut également publiée parmi d’autres nouvelles dans le recueil Arabesques. Peu avant le début de la représentation, le directeur sortant du CCR, Sergey Belyaev et la directrice entrante, FAKHRUTDINOVA Maria Albertovna, ont circonscrit tour à tour l’événement. Ce moment a été aussi une occasion pour Sergey Belyaev de présenter officiellement sa remplaçante à l’auditoire et aux visiteurs de cette institution culturelle.

Ce monospectacle (parce que rédigé à la première personne du singulier où le narrateur est ainsi le personnage principal), relate l’histoire d’un homme qui sombre peu à peu dans la folie prénommé Poprichtchine, afin d’éviter les souffrances que lui impose sa vie. Occupant un poste sans valeur dans un ministère, il tombe amoureux de la fille de son directeur. Or, elle est inaccessible de par l’importance de sa noblesse ! Il est donc clair que cette femme, d’une condition trop différente, ne restera qu’un rêve. C’est là que la folie surgit ; souffrant de cette impossibilité sentimentale, Poprichtchine finit par rencontrer cette jeune femme, mais ce n’est pas avec elle qu’il va le plus parler. Il discute avec sa chienne, il est sûr qu’elle s’adresse à lui. Elle s’appelle Medji. Il est même sûr que la chienne entretient une correspondance avec un autre chien, Fidèle, auquel elle raconte sa vie et celle de sa maîtresse, correspondance qui lui fournit des informations. Ces hallucinations, qu’elles soient visuelles ou auditives, montrent clairement que l’esprit du fonctionnaire est troublé.

Peu de temps après, Poprichtchine continue dans ses invraisemblances : il lit un jour un article dans un journal qui explique qu’il n’y a plus de roi en Espagne. Il va alors découvrir comme une révélation, une vérité évidente qu’en réalité le roi d’Espagne, c’est lui. Son vrai nom serait ainsi Ferdinand VIII d’Espagne. D’ailleurs, en cette qualité de roi d’Espagne fraîchement découverte, il demande à s’adresser au sommet de la hiérarchie, faisant fi des règles habituelles. Il se présente comme souverain Ibère, et se rend ensuite voir la fille de son directeur, celle qu’il aime, en s’adressant à elle en cette même qualité. Il veut empêcher son projet de mariage afin qu’elle devienne son épouse. Il lui dit que le premier amour de chaque femme est diabolique, et qu’il serait ainsi plus prudent de se marier avec lui, qui serait le second. Il quitte ensuite le bâtiment et entame une promenade dans la ville. Toujours convaincu qu’il est le roi d’Espagne, il refuse pour le moment de dévoiler à tout le monde cette identité royale et décide de passer à travers les foules sans rien dire ; il se fait discret.

Malgré l’évidence de sa folie, le narrateur la décrit de façon très pragmatique et plutôt sérieuse, la raison reprenant parfois un certain pouvoir sur sa folie. Il tente d’ailleurs de se convaincre par des arguments objectifs que ce qu’il croit est bel et bien la réalité, en tentant de faire primer la logique. Il refuse désormais de se rendre à son travail, pensant qu’il est supérieur à tous ceux pour qui il travaillait auparavant, au-dessus même des ministres.

Il décide d’aller à la cour d’Espagne, mais avant de s’y rendre il doit trouver un habit qui semble espagnol. Une fois la cape trouvée, il part pour la cour d’Espagne mais une fois là-bas attend que les députés soient présents pour se présenter à eux. Il s’indigne d’ailleurs que ces députés sont si en retard à la cour. Mais ses idées absurdes le desservent et rapidement il est frappé par le chancelier, ministre de la Justice du pays qui le prend pour un idiot. Il est jeté en prison, on lui rase la tête alors que Poprichtchine se croit victime de l’inquisition. Il prend alors la figure d’un résistant face au pouvoir aveugle de l’État. Le dernier jour, dont on ne connaît ni la date, ni l’année, ni même le jour, il est encore frappé et il veut abandonner, se rendre au pouvoir, désireux que la torture cesse. Il appelle à l’aide sa mère pour qu’elle vienne le sauver et l’emmène loin de là.

Bruno Okokana
Légendes et crédits photo : 
Photo 1 : Guy Stan Matingou interprétant la pièce (crédit photo/ Kinzenguele's pictures) Photo 2 : l’interprète en tenue espagnole (crédit photo/ ADIAC)
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