Un café, deux bougies à souffler, un casting, un festival international et une bouteille à la mer, voilà le menu au programme de Cardy Cardelin Babakila, un homme pressé par le temps et qui nous parle de timidité maladive et de jeans !
Avec son agenda aujourd’hui plus chargé qu’un porte-avions, Cardy a tout d’un homme pressé. La faute incombe en premier lieu à deux petites bougies qu’il entend souffler sur le gâteau d’anniversaire de CAM Agency, son centre de formation artistique et de mode, véritable pépinière de mannequins podium, de modèles photo, d’actrices et acteurs de cinéma et d’hôtesse d’accueil.
« L’univers artistique, je l’ai côtoyé assez tôt et malgré moi. Peu après ma naissance, ma mère est décédée et j’ai grandi sous la pression d’un père extrêmement sévère. Moi, j’étais asocial, atteint d’une timidité tellement maladive qu’un ami de la famille avait dit à mon père que le théâtre me ferait le plus grand bien. Je suis donc allé faire du théâtre comme on va voir un docteur. Je n’avais que 11 ans lorsque j’ai décroché mon 1er petit rôle sur les planches dans une pièce qui s’appelait la naissance de Jésus où je jouais l’un des Rois mages. Aujourd’hui, à Pointe-Noire, j’enseigne depuis plusieurs années le théâtre en milieu scolaire et à l’université », raconte Cardy Cardin Babakila pour expliquer ses premiers pas artistiques qui le conduiront à devenir opérateur culturel.
Cardy prend le temps d’un café et c’est le temps qu’il faut pour raconter encore ce premier bout de chemin qui le conduira vers la mode : « En 1994, à Brazzaville, j’avais un frère aîné qui vendait des jeans au marché Total à Bacongo, ça m’a donné le goût des fringues d’autant plus que j’ai poursuivi seul ce petit commerce lorsque mon frère est parti s’installer au Gabon. Bacongo c’est le quartier de la sape que l’on considère comme une science, une culture, j’ai été imprégné par cet univers et cela m’a ouvert une fenêtre sur la mode ».
C’est à Pointe-Noire, en 2010, que Cardy organisera Miss Scolaire qui sera la ligne de départ pour de très nombreux événements au cours d’une décennie en forme de marathon. Et l’homme pressé d’ajouter : « Avec la crise sanitaire et économique, il faut courir encore plus, les temps sont difficiles pour le secteur culturel. Ce 9 avril je fête donc le deuxième anniversaire de mon agence à L’Etage avec de nombreuses personnes issues de l’univers de la mode. Le 16 avril je le fêterai une seconde fois mais pour l’occasion ce sera avec des entrepreneurs et autres partenaires à la Villa Antonetti. Entre temps, le 14 se déroulera le casting mannequins pour la 4ème édition du Festival Biso Na Biso African Beauty International qui se déroulera du 26 au 30 mai. Et ce n’est pas seulement une course mais c’est aussi une bataille de tous les instants pour trouver les soutiens nécessaires à l’organisation de ces évènements ».
Si la styliste américaine Rachel Zoe disait que « la mode est une façon de dire qui vous êtes sans parler », il faut en revanche, être grandement volubile comme l’est Cardy pour faire entendre sa voix et convaincre que la mode est un vecteur culturel qui mérite l’investissement nécessaire des entrepreneurs de tous horizons pour que la République du Congo y appose sa griffe à l’intérieur et au delà des frontières. Et Cardy de conclure : « Sans que cela soit un message de détresse, car je ne suis pas de nature à baisser les bras, il est évident que la culture sous toutes ses formes a besoin d’être accompagnée. On assiste à une politique de la terre brûlée et chacun doit se rendre compte en cette période de crise qu’une société sans culture est vouée à devenir une société sans âme ».