Réalisateur et producteur de génie réputé dans le milieu audiovisuel sur les deux rives du Congo, premier à pratiquer le montage virtuel en RDC mais aussi à Brazzaville entre 1998 et 2000, Tony Bas est décédé le samedi 27 mars et inhumé le 6 avril au Chemin du Paradis.
La toile est en émoi depuis la disparition de Tony Bas que plusieurs nommaient « Imagedelas », du nom de sa boîte, une agence de production audiovisuelle qui a pignon sur rue à Kinshasa depuis près de vingt ans maintenant. En effet, c’est autour d’elle que Tony Basembe Eale, alias Tony Bas, a bâti sa belle réputation et impacté l’univers de l’audiovisuel de la capitale. Il a commencé à travail à l’agence de communication Shabani Records. L’équipement professionnel que possédait alors le bureau de Gaby Shabani est un cadre propice de travail pour le jeune Tony fraîchement sorti de ses études secondaires. L’opportunité lui est offerte d’être le tout premier monteur virtuel de la RDC en 1998. Il sait si bien s’y faire que deux ans plus tard seulement, il démontre son savoir-faire sur la rive droite du Fleuve Congo. À Brazzaville comme à Kinshasa, il conduit l’expérience pionnière du montage virtuel à l’agence Médias Visions du général Norbert Dabira.
Passionné de l’audiovisuel auquel il s’est voué corps et âme toute sa vie, depuis ses 19 ans à ses 41 ans, Tony Bas est décédé à fleur de l’âge, sans être vidé de tout son potentiel que l’expérience lui a appris à développer. Consciencieux, reconnu pour sa rigueur et son perfectionnisme, il est techniquement présent sur le terrain. Et ce, sur tous les fronts de la RDC tout en étant lui-même aux commandes d’Imagedelas. Bas est un as de l’image et conscient de son talent, il choisit de nommer son agence en référence à ce qu’il est et aucun de ses contemporains n’y trouve à redire, au contraire. Admiré, pris pour modèle, Tony Bas inspire plus d’un et arrive à exporter son savoir-faire. Il est sollicité en Afrique centrale, de l’ouest, mais aussi australe, notamment au Kenya et même en France.
Doté d’un humour assez spécial, Tony est plutôt du genre facile à vivre et a le chic pour transmettre son savoir qu’il ne garde pas pour lui seul. Et même dans la vie, il n’a pas été chiche. Il n’a pas hésité à partager de bon cœur l’expérience qu’il n’a de cesse d’acquérir au fil du temps et des projets sur lesquels il a exercé son talent. Il n’a pas cette arrogance qu’affichent certains grands alors même qu’il a été une référence et le savait. Sa réputation faite vite dans l’univers audiovisuel, Tony Bas passe pour une légende aux yeux plusieurs jeunes dont certains découvrent les ficelles du métier à ses côtés. Pas étonnant qu’un bon nombre se réclament désormais de son « école ». La rigueur du « maître » qui donne du caractère à son travail allié à une inventivité et un savoir-faire indéniable forge de nombreux talents de sorte que Tony s’est démultiplié.
Tony Bas et l’univers musical
Les réalisations de Tony Bas sont légion. Déjà à ses débuts, il a su faire montre de son talent à travers notamment la campagne La paix se gagne réalisée en 1999 par Shabani Records pour le compte du président, le feu Mzee Laurent-Désiré Kabila. Dans l’univers musical où il a œuvré lui-même un temps pour l’émergence du rap et des musiques urbaines, il a travaillé avec certains des précurseurs comme Lexxus Legal. Le rappeur alors membre du groupe PNB (Pensée Nègre Brute), un groupe kinois créé en 1999, avant d’être cette figure emblématique du hip-hop congolais que l’on connaît à ce jour. Patsha Bay, NmB La Panthère, un de ses fidèles amis, Eric Nice, Djaby, Patsha font partie de ces artistes qui ne se consolent pas de la perte de ce réalisateur devenu un ami par la force des choses.
Tony Bas a également marqué le Gospel des deux rives avec la réalisation de clips vidéos de certains chantres bien connus à l’instar de Mama Lydia, Les Kunda Sisters, Mika Kalambay, Gode Bondembe, Sylvain Akwala et Père Jean-Marie Bukasa. Né dans la rumba, Tony n’y était pas indifférent. L’on peut même dire qu’il y a laissé ses marques en côtoyant certaines de ses grandes figures, notamment Papa Wemba, Ferré Gola, Werrason et JB Mpiana.
Par ailleurs, des institutions locales et même de grandes institutions internationales notamment l’INSS, la BCDC ; ACF, Handicap International, l’Unicef et l’OIT ainsi que certaines multinationales à l’instar d’Orange, de Congo chine Telecom, Airtel, Coca-cola, et Vodacom ont recouru aux services d’Imagedelas. Pour les uns, il s’agissait de documentaires à réaliser et pour les autres des publicités et autres publireportages. La maison de production de Tony a également mis sa main dans la réalisation de quelques évènements importants de Kinshasa notamment Miss Malaïka (2003), Miss Congo RDC (2012) et les Festivals Kinshasa Jazz et FIRE.