Economie/Dette : la BAD dresse une feuille de route

Vendredi, Avril 9, 2021 - 13:25

La Banque africaine de développement(BAD) s’impatiente sur un rebond économique, mais reste préoccupée par la crise de la dette. Les pays devront maintenir des réformes structurelles et faire preuve de bonne gouvernance pour limiter leur surendettement, recommande la Banque.

Intitulé « De la résolution de la dette à la croissance, une feuille de route pour l’Afrique », le rapport 2021 de Perspectives économiques de la BAD fait état d’une pire récession économique enregistrée en un demi-siècle, après une contraction de 2,1% en 2020, et un Pib réel qui devrait croître de 3,4%. Les bouées de sauvetage seraient le tourisme, le rebond des prix des matières premières et la levée des restrictions. Des perspectives sujettes à « une grande  incertitude liée à des risques externes et internes ».

L’existence de risques

Le rapport relève des risques internes possibles. Ils seraient liés à la résurgence de l’épidémie, au surendettement, à la volatilité des marchés financiers, à la faiblesse des prix des matières premières, du tourisme et des envois de fonds. Sans compter les événements météorologiques et les tensions sociales. Le rapport n’exclut pas une croissance au-dessus des prévisions, au cas où des traitements et des vaccins contre la Covid-19 étaient mis en place et que le continent avance dans sa transformation structurelle, en particulier à la faveur de la numérisation de son économie. Si les déficits budgétaires des pays africains ont doublé en 2020, pour atteindre 8,4% du Pib, la BAD « attend un processus d’assainissement progressif en 2021 et au-delà ».Pour soutenir l’activité, une politique monétaire souple et les plans de relance budgétaires seraient nécessaires.

La santé comme priorité

La crise est à l’origine de l’accroissement des inégalités. 4,5 milliards de dollars sont nécessaires pour ramener les « nouveaux pauvres » au seuil de pauvreté de 1,9 $/jour. Le rapport recommande le soutien au secteur de la santé en vue de consolider les acquis de la lutte anti-Covid-19, et de lutter contre les autres pathologies ; le soutien monétaire et budgétaire pour appuyer la reprise économique. La reprise revenue, les pouvoirs publics doivent procéder à l’assainissement budgétaire afin de rétablir la soutenabilité de la dette et la viabilité budgétaire. À défaut, ils devront recourir à un appui international : dons et prêts concessionnels. Pour rendre la lutte contre la pauvreté  efficace, le rapport appelle à l’élargissement de filets de sécurité sociale et à une croissance plus équitable, « pour ne pas perdre plus de vingt ans de progrès ». Dans ce contexte, la numérisation des économies devient une facteur important.

Une dette pesante

Les pays africains auront besoin de 154 milliards $ pour couvrir leurs besoins 2020-2021. Parmi les pays les plus touchés par la hausse de l’endettement, le rapport cite les économies dépendantes du tourisme et à forte intensité en ressources autre que le pétrole. La dépréciation des taux de change constitue un facteur aggravant. La dette africaine s’oriente donc vers les fonds privés. Plus de 21 pays ont accédé aux marchés de capitaux ces trois dernières années. Les autres continuent de se tourner vers les prêteurs du Club de Paris, et vers les nouveaux venus, notamment la Chine.

En décembre 2020, la BAD comptait 14 pays présentant un risque élevé de surendettement, et six sont déjà dans cette situation, sur 38 pays pour lesquels les analyses de soutenabilité étaient possibles. D’autres vulnérabilités émergent, surtout si certains pays ne parviennent pas à avoir accès aux marchés financiers, à cause d’un rating dégradé. L’architecture financière internationale rend une restructuration de la dette souveraine difficilement réalisable. La BAD plaide pour un nouveau paradigme, combinant bonne gouvernance et croissance, pour sortir de la crise pandémique et éviter une crise de la dette. Participent à cette gestion des ressources, la lutte contre les « fuites », la numérisation des économies et le respect d’une « concurrence loyale ».

Noël Ndong
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