L'annonce récente de l'Inde de restreindre l'exportation des vaccins Covid-19 signifie que l’Afrique pourrait ne pas atteindre l'objectif « critique » de vacciner 30% de sa population d'ici la fin 2021, a déclaré John Nkengasong, directeur des Centres pour l’Afrique, contrôle et prévention des maladies.
Cette décision de l'Inde crée une incertitude au moment où les pays africains pourraient recevoir des envois de doses de la Facilité Covax, une initiative mondiale visant à un accès équitable aux vaccins Covid-19. John Nkengasong n’a pas caché son inquiétude. Mais « il n'y a absolument aucun moyen ... nous allons répondre à nos besoins si l'Inde tarde », a-t-il déclaré. L’Afrique a commencé à recevoir des doses du vaccin AstraZeneca fin février, dans l’espoir que ces envois seront réguliers. Ce qui n’est pas le cas. Seulement 28 pays sur 54 pays africains ont reçu environ 16 millions de doses de Covax, dont la grande quantité a été produite par le Serum Institute of India. Le continent africain attendait 75 millions de doses produites en Inde par Covax au premier trimestre, pour 37,5 millions de personnes. En raison du nombre croissant de cas de Covid-19 en Inde, le gouvernement a suspendu temporairement l'exportation du vaccin pour répondre à la demande intérieure.
Il existe donc une incertitude quant au moment où les expéditions de doses pourraient arriver dans d'autres pays. Si ces retards se transforment en une interdiction totale des exportations, ce serait «catastrophique» pour l’Afrique, a déclaré John Nkengasong. Les doses de vaccin AstraZeneca sont «l'épine dorsale» des programmes de vaccination à travers l'Afrique, a-t-il ajouté. Le CDC africain vise à vacciner à terme au moins 60% de la population du continent pour obtenir l'immunité collective, l'objectif initial est de vacciner au moins 30% de la population d'ici la fin de cette année. Environ 400 millions de personnes doivent être vaccinées pour atteindre cet objectif, a rappelé John Nkengasong.
La Facilité Covax vise à aider les pays participants à atteindre 20% de leur population d’ici fin 2021, et l’Union africaine (UA) s’efforce de combler les lacunes supplémentaires avec des vaccins disponibles pour les pays à acheter par le biais de plans de paiement.
« Les retards sont profondément problématiques. Il est urgent de vacciner les populations rapidement et à grande échelle - non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour que le coronavirus ne soit pas capable de muter de manière à rendre les vaccins existants inefficaces », a relevé John Nkengasong. Du coup se pose la question de l’utilité des doses de vaccin reçues de Covax. Un accord a été signé avec John & Johnson pour 400 millions de doses de son vaccin, qui seront disponibles pour les pays à l’achat via l’UA. La moitié des doses (220 millions)ne seront disponibles qu’au 3ème trimestre et le reste en 2022. Un écart qui met dans l’impasse les pays africains et les doses reçues par Covax.